| et se transforme successivement en d’autres bêtes. Impossible d’en faire le compte,
 il n’existe pas de bête
 dont elle n'a pas pris l’apparence.
 Puis elle se rechange en lionne.
 Le roi n’en a pas perdu une miette.
 Renart lui demande :
 « Sire, dites-moi maintenant,
 à votre avis, suis-je quitte ? »
 Noble lui dit : « Elle est admirable,
 mais quelque chose me chagrine un peu.
 Si cela pouvait être corrigé,
 le résultat serait alors parfait,
 vous devriez peut-être vous en occuper. »
 Renart répond :
 « Dites-le-moi, sire, s'il vous plaît. »
 Le roi le prend à part :
 « Renart, je vais te dire ce que je pense
 car tu es plein de ressources.
 J’ai demandé à cette dame de se transformer,
 car je pensais pouvoir trouver
 par hasard une bête
 qui ne serait pas faite
 avec le con aussi près du cul.
 Ma foi, je n’en ai vu aucune,
 et je suis bien embêté,
 car un cul n’est qu’un trou puant
 alors qu’un con est une bien douce chose,
 qui sent bon la rose,
 et ne demande qu’à être tripoté.
 Cette proximité est répugnante.
 La personne avisée qui saurait trouver
 un moyen de les éloigner
 l’un de l’autre,
 ferait là une bonne action. »
 Renart écoute son roi,
 réfléchit un peu,
 et imagine une bonne ruse.
 Toujours animé par le désir
 de nuire à ses ennemis,
 il va encore s’en tirer.
 « Mon bon roi, fait Renart, une affaire aussi difficile
 ne peut être entreprise sans peine.
 Mais si on fait les efforts nécessaires,
 on devrait pouvoir la mener à bien.
 Je pense être capable de réussir,
 si j’arrive à trouver
 tout ce dont j’ai besoin pour le faire.
 — Renart, dit le roi, vraiment ?
 — Sire, surtout n’en doutez point !
 Vous le verrez de vos propres yeux
 si j’ai ce qu’il me faut.
 — Renart, si on peut y remédier,
 je vous jure sur ma tête que vous serez quitte
 et mon ami pour toujours. »
 Renart entend ce qu’il voulait,
 content de berner ce grand sot.
 « Sire, fait Renart, écoutez-moi.
 Donnez-moi huit jours,
 le temps de vous occuper de la reine,
 tandis que j’irai parler à Hermeline
 ma femme, qui sait beaucoup de choses,
 et pourra me conseiller.
 Elle s’y connaît en chirurgie,
 en particulier dans le domaine des cons. »
 Le roi répond : « Faites vite
 et n’oubliez pas de revenir. »
 Renart prend congé
 et sort par une porte dérobée
 sans se faire voir.
 Avec tout son mépris, il s’est bien joué du roi
 qui va perdre son temps à l’attendre
 et en être pour ses frais.
 Avant de le revoir,
 Renart va semer ses balivernes
 et les faire fructifier
 pour faire plus d’un malheureux.
 Vous entendrez encore parler de lui,
 si vous aimez écouter ses aventures.
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 | En une autre beste muee. Ne sai qu'aconte vos en face,
 Il n'est beste c'on nuncier sache
 Dont ele n'ait semblance prise ;
 En lionnesse se rest mise.
 Li rois a bien tot avisé,
 Et Renart li a devisé :
 « Sire, dist Renart, or me dites,
 Que vos senble ? Sui ge bien quites ? »
 Ce dist Noble : « Mout est cortoise,
 Mes d'un poi de chose me poise.
 S'ele pooit estre amendee,
 Mout seroit bien l'uevre fondee ;
 Si vos en convient prendre esgart. »
 Lors li a respondu Renart :
 « Dites le, sire, s'il vos plaist. »
 Li rois a .I. conseille trait :
 « Renart, ge te dirai mon sens,
 Que mout par ies de grant porpens.
 Ta dame ai fait son sens muer,
 Por ce que je quidai trover
 Une beste par aventure
 Qui ne fust de tele nature
 Que li cons fust en sus du cul.
 Mes par ma foi n'en i voi nul,
 S'en sui a mout tres grant malaise,
 Que cus est chose mout punaise
 Et cons est une douce chose
 Et soef flerant conme rose
 Et que on volentiers manie,
 S'est mauvese lor compaignie.
 Qui sage home trover peüst
 Qui entre eslongnier le seüst
 Et l'un en sus de l'autre trere,
 Ceste chose fust bone a fere. »
 Renarz ot que ses sires dit,
 Si s'est porpensez .I. petit ;
 Porpense a mout grant boidie.
 Con cil qui mout est plains d'envie
 Grever voudra ses anemis,
 Por ce s'en est bien entremis.
 « Rois, fet Renart, si grant afere
 Ne puet on sanz grant paine fere.
 Mes qui paine i vodroit metre,
 On s'en porroit bien entremetre.
 J'en savroie mout bien ovrer,
 Se ge pooie ce trover,
 A ceste oevre tot l'estovoir.
 — Renart, dist li rois, dis tu voir ?
 — Sire, ja mar le mescroirez,
 Que vos meïsmes le verrez,
 Se ge ai ce qu'il i estuet.
 — Renart, s'on recovrer le puet,
 Par mes .II. eulz, vos l'averez
 Et toz dis mes amis serez. »
 Or ot Renart ce qu'il li plaist
 Qui de musage le fol paist.
 « Sire, fait Renart, entendez.
 .VIII. jorz de respit me donez,
 Et fetes feste a la roïne.
 G'irai parler a Hermeline,
 Ma fame qui mout set de bien.
 De ce me conseillera bien.
 Qu'ele set mout de cileurgie,
 Et des cons set bien la mestrie. »
 Li rois respont : « Dont vos hastez
 Et de tost revenir pensez. »
 A tant a Renart congié pris
 Et s'en issi par .I. postis
 Que ne le vit home de char.
 Ainsi fet du roi son eschar
 Et par despit le fet muser,
 Et a granz despens sejorner.
 Qar ainz que revoie Renart,
 Fera il .I. mout grant essart
 Ou il semera son froument,
 Dont il fera aucun dolent,
 Si en porrez oïr parler,
 Se il vos plest a escouter.
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Bravo! Quelle perseverance et quel travail magnifique!
RépondreSupprimerJe vois que vous avez quasiment termine, c'est superbe.
Allez vous laisser toute cette transcription/traduction sur ce blog ?
Avez-vous l'intention de publier votre travail, ce qui serait merveilleux!
J'ai toujours pour projet de recopier a la main toute cette traduction en esperant avoir toujours votre accord (ceci est uniquement pour donner plus tard a mes enfant ;-)
Bien cordialement
Olivier
Vicpau@orange.fr
Salut l'ami! Belle initiative de traduire "Le Roman de Renart". Ce sont les fables originales et où cela commence-t-il?
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