lundi 20 janvier 2020

La mort de Renart - Un dernier tour et puis s'en va




Un portier à la queue velue et tordue,
L


i portiers vint isnelement
arrive prestement,
et du haut de la barbacane,
leur demande courageusement et calmement :
« Qui êtes-vous ? — Nous sommes les messagers
de mon seigneur Noble le lion,
et nous voudrions parler à Renart. »
À cette réponse, le portier
tire la porte
coulissante vers le haut.
Grimbert s’avance le premier
en entrant à reculons.
Il passe la première porte,
et dit au milan :
« Avancez donc, seigneur Hubert,
mais baissez-vous car l’entrée est basse. »
Hubert répond : « Je crains que Renart
n’essaye de se remplir la panse
avec moi une fois de plus.
Je préfère rester ici
et vous attendre jusqu’à votre retour,
car je préfère être à l’aise qu’à l’étroit. »
Grimbert n’y voit pas d’inconvénient
et continue jusqu’à Renart,
qu’il trouve fort souffrant.
Renart demande alors
ce qu’il lui veut.
Grimbert répond : « Mon cher voisin,
je suis votre cousin germain,
et j’ai beaucoup d’affection pour vous.
Monseigneur Rohart le corbeau
est venu à la cour se plaindre de vous.
Son mauvais état ne plaît pas du tout
au roi ni à ses barons.
Ne le prenez pas mal
s’il vous demande de bon droit
de venir immédiatement à lui
pour vous expliquer sur cet incident.
Vous ne pouvez pas lui refuser
de vous rendre à la cour pour que justice soit faite.
— Cousin, je n’en ai rien à faire.
Dorénavant, je n’irai plus à la cour,
car on m’y a fait trop de misère.
Voici ce que vous direz au roi
lorsque vous serez devant lui :
le corbeau m’a tué,
et dans ce tombeau,
surmonté d’une croix sous un buisson,
Hermeline, votre parente et amie,
m’a fait enterrer
dans la douleur et le chagrin.
Vous trouverez après la porte en repartant
la tombe d’un paysan
du nom de Renart.
Regardez bien le nom inscrit dessus
pour le rapporter au roi.
Au moment de partir,
Hermeline vous accompagnera
au-dessus de la tombe
qui vient d’être terminée.
Mon fils Rouvel sera avec.
— D’accord, répond Grimbert, alors
je vais prendre congé de vous. »
Là-dessus, Grimbert le quitte
et retrouve mon seigneur Frobert
et Tardif, ses deux compagnons.
Hermeline et Rouvel son fils
les emmènent tout droit au tombeau
et leur disent : « Cher seigneurs
pour notre grand malheur,
Renart le goupil repose dans cette tombe.
Lisez l’inscription
et priez Jésus-Christ
pour qu’il ait pitié de son âme.
Je reste seule, lasse et désemparée,
avec mes enfants maintenant orphelins.
Je n'ai ni vêtement de toile ou de lin,
je me trouve dans une grande pauvreté. »
Sur ce, elle rentre chez elle à Maupertuis
et les autres s’en retournent
d’une traite jusqu’au pavillon
du roi.
Puis ils se mettent à genoux
devant lui.
Grimbert a les yeux mouillés
d’avoir trop pleuré.
Quand le roi Noble le voit
sangloter, il se met en colère,
mais le milan intervient aussitôt :
« Sire, nous venons de Maupertuis,
mais on s’est bien moqué de nous,
car Renart est mort et enterré.
Quand Rohart s’est réfugié ici,
Renart était déjà si mal en point
qu’il est maintenant six pieds sous terre.
Nous avons vu son tombeau,
et nous savons de source sûre,
que le corbeau, certes sans force maintenant,
l’a achevé.
Lui est blessé
mais Renart est bel et bien mort.
Que le Saint Esprit prenne soin de son âme,
et l’emmène au paradis,
bien à l’intérieur,
loin des pauvres et des mendiants. »
La nouvelle
ravive la colère du roi,
mais en faveur de Renart cette fois.
Il se lève aussitôt
et dit malheureux et déconcerté :
« Par notre grande faute, nous avons perdu
le meilleur baron que j'avais.
J’ai bien peur
que je ne pourrai jamais le venger.
J’aurai pourtant donné la moitié de ma fortune
pour éviter cela. »
Là-dessus, il sort de son pavillon
et remonte dans son palais.
Ainsi se terminent
les funérailles et la vie de Renart,
et disparaît son nom à jamais.

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Qui torse et velue ot la keue,
D'en haut desus la barbakeue
Lor escria con preu et sage :
« Qui estes vous ? — Sonmes mesage
Mon seigneur Noble le lion,
Que Renart parler voulion. »
Quant li portiers l'ot, de volee
La porte qui estoit coulee
A mont a trere conmença.
Grinbert qui d'antrer s'avança
I est a reculons entré.
Quant le premier huis ot outré,
Si dist a l'escoufle Grimbert :
« Venez avant, sire Hubert,
Bessiez vous, que basse est l'entree. »
Dit Hubert : « Je dout que vantree
Ne face, par saint Lienart,
De moi encore anuit Renart.
Ici iluecques me tendré,
Tant que vous viengniez atandré,
Miex meing au large qu'a l'estroit. »
A Grimbert convient qu'il otroit
Ce que frere Hubert conmande.
Ainz vint et Renart li demande,
Conme cil qui mout se doloit,
Que il queroit et qu'il vouloit.
Grinbert li a dit : « Biau voisin,
Je sui vostre germain cousin,
Si vous devroie mout amer.
A court vous est venuz blasmer
Mon seignor Rohart le corbel.
De son domage n'est pas bel
Au roi ne a sa baronnie.
Ne le tenez a vilanie,
Par moi vous mande, et il a droit,
Que viengniez a li orandroit
Por vous de ce blasme escuser.
Ne devez mie refuser
Qu'a court ne viengniez pour droit faire.
— Cousin, de ce n'ai je que faire ;
Ne veil or plus aler a court,
Que trop m'i a l'en tenu court.
Ceste parole me randroiz
Au roi quant devant li vendroiz,
Qu'a la mort m'a mis le corbel,
Et la dehors souz ce tombel,
A cele croiz, souz cele espine
Me fist enfouir Ameline
Vostre amie, vostre parente
Qui iriee en est et dolante.
Quant hors de la porte seroiz,
.I. tombel iluec trouveroiz
D'un vilain qui Renart ot non.
Desus verrez escrit le non,
Et ainsi au roi le diroiz
Quant de ci vous departiroiz.
Hermeline vous menra droit
Desouz le tombel orendroit
Qui est touz fres et tout novel ;
O lui ira mon fiuz Rouvel.
— Ainsi, dist Grinbert, l'ostroi gié,
Si m'en vois a vostre congié. »
A tant se departi Grimbert,
Si trova mon seignor Frobert
Et Tardif, plus compaignons n'a.
Tout droit au tombel les mena
Hermeline et Rovel son fill,
Et distrent : « Renart le gorpill
De quoi il ne nos est pas bel,
Biau seignors, gist souz cest tombel.
Lisiez les letres et l'escrit,
Et si priez a Jhesu Crist
Que il ait de s'ame merci.
Lasse, esgaree ! remoing ci,
Et mi enfant sont orfelin.
N'ai robe de drap ne de lin,
A grant povreté sui remese. »
A cest mot entra en la hese
De Maupertuis, et cil s'en tornent
Qui de ci au roi ne sejornent.
Trové l'ont en ses paveillons,
De devant lui a genoillons
S'est maintenant agenoilliez.
Grimbert qui ot les eulz moilliez
Du plorer que il fet avoit.
Et quant li rois Noble le voit
Plorer, si en fu trop plains d'ire,
Li escouffle li prist a dire :
« Sire, de Maupertuis venons
Dont a engigniez nos tenons.
Renart est morz et enfoï.
Quant Roarz ceenz a foï,
Si durement estoit malmis
Renart qu'il est en terre mis.
La fosse et le tombel avons
Veüe, tout de voir savons
Que le corbel le partua
Qui ore pou de vertu a.
Mehaingnié en est et periz
Est Renart. Li saint Esperiz
De la seue ame s'entremete
Tant qu'en paradouse la mete,
.II. liues outre paradiz
Ou nus n'est povre ne mandis. »
Quant li rois oï la nouvele,
Tout son courrous li renouvele ;
De Renart fu mout courrouciez.
Tantost s'est en estant dreciez
Et dist dolanz et esperdu :
« Par grant pechié avons perdu
Le meilleur baron que j'avoie,
Ne ne cuit mie que ja voie
Que je venjance en puisse avoir.
Por la moitié de mon avoir
Ne vousisse qu'il fust ainssi. »
A tant fors de son tref issi
Et s'en monta en son palés.
Ici luec de Renart vous les
La vie et la procession.
Ci fine de Renart le non.
Comment Renart fut empereur Ce est la branche Renart coment il fu Empereres (30)
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