Renart médecin - La revanche de Percehaie

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Percehaie, de son côté,		ui donques veïst Percehaie
se démène contre ses ennemis, personne ne résiste à ses coups. Belin lui fonce dessus, mais Perchehaie le frappe et perce son bouclier. Qu’il le veuille ou non, le fer de la lance lui transperce le foie, il tombe raide mort sur le chemin. Percehaie tire ensuite son épée de son fourreau, et donne à Ferrant un coup qui lui fait voler la tête en éclats. Peu après, la guerre est finie pour dix autres. Renart s'élance de son côté, et donne un grand coup au léopard. Son glaive lui rentre dans le corps, et le fer ressort de l’autre côté, il l’enfonce jusqu’à la hampe, puis le fait tomber à terre. Les combats sont violents et acharnés. Mais, voici qu’arrive Noble le lion, en armes sur un cheval gris, brandissant sa lance, accompagné d’un nombre incalculable de ducs et de comtes. Le comte Frobert et seigneur Hubert le milan, tous deux enragés, viennent sur Renart qu’ils haïssent vivement. Seigneur Frobert le grillon arrive sur lui plus vite qu’un aigle. Renart le voit, impatient d’en venir aux mains avec lui. Il tient sa lame, ornée d’une inscription, bien en main, tandis que Frobert tire la sienne. Ils se rapprochent et se mettent à se frapper de toutes leurs forces. Ils ont de bonnes épées, très solides, et se donnent des coups à s’étourdir, puis finissent par tomber tellement ils frappent fort. Tous deux se retrouvent au beau milieu du chemin. Percehaie arrivent alors à la rescousse avec plusieurs chevaliers, des plus valeureux. Ils réussissent à remettre Renart en selle. Ils quittent alors le champ de bataille et foncent vers le château, où ils descendent de leurs chevaux, bons et loyaux. Ils montent les marches du somptueux palais. Ils sont complètement épuisés, et déposent leurs armes en haut de la belle tour blanche. Ils sont très tristes pour Malebranche : « Hélas ! dit Renart, quel malheur ! Quelle malchance d’avoir perdu Malebranche, auquel je tenais tant, mais plus rien n’y fera. Dame Fière, votre amour me coûte très cher. Mais, foi que je dois à saint Riquier qui d’ailleurs n’a rien à me reprocher, ça va se gâter pour le roi Noble, il ne pourra pas s’en sortir à sa guise sans qu’il ne lui en cuise. » Rouvel dit : « Calmez-vous, vous n'y changerez rien. — Vous avez raison, Rouvel, répond-il, foi que je dois à saint Marcel, je vais quand même vous montrer ce qu’il va en coûter au roi. Il sera pendu au gibet avant que ce château lui soit rendu. » La conversation s’arrête là. Le roi Noble, lui, fait installer son campement dans le pré sous la tour. Il jure sur Dieu le créateur qu’il n’en partira pas tant que Renart sera pendu.	23900 23904 23908 23912 23916 23920 23924 23928 23932 23936 23940 23944 23948 23952 23956 23960 23964 23968 23972 23976 23980	Par mi l'ost con il se desroie, Nus ne pot a son coup durer. Belin prent a esperonner, Perchehaie si l'a feru Qu'il li a percié son escu, Ou li pesast, ou biau li fust, De la lance et fer et fust Li a passé par mi le foie ; Mort l'abati en mi la voie. Puis sache du fuerre l'espee, A Ferrant donne tel colee Que la teste li fist voler ; De .X. fist la guerre afiner. Renart s'eslesse d'autre part, Grant cop va ferir le liepart De son glaive par mi le cors, Si que le fer en parut fors, Tant conme hante li dura ; Mort a terre le trebuscha. Grant chaple i ot et felon. Estes vos Noble le lion Armé sor .I. cheval ferrant, Sa lance aloit paumoiant. O lui ot maint duc et maint conte, Tant en i ot, ne sai le conte. O lui estoit li quens Frobert Et li escoufie dant Hubert Qui heent Renart durement ; Vers lui viengnent ireement. Sire Frobert li gresillons Plus tost que .I. alerions En vint poingnant contre Renart. Renart le voit, mout li fu tart Que a lui en fust ajosté ; En sa main tint son branc letré Et Frobert retint le son tret. Li .I. pres de l'autre se tret, Si se fierent par grant esfors. Des brans qui sont et bons et fors Issi tres grant cox s'entredonent Que toutes lor testes estonnent. Des granz cox qu'il se sont feruz A terre sont entrabatuz ; Andui chieent en mi la voie. Estes vos poingnant Percehaie, O lui maint vaillant chevalier, A force ont fet Renart monter, Si lessent l'estor a itant, Au chastel vont esperonant ; Tuit sont au chastel descendu De lor bons chevax de vertu.  Les degrez montent du palés Qui estoit riches et bien fes. Mout las et mout traveillié sont, Si se desarment la a mont En la tor qui est bele et blanche. Mout sont dolent de Malebranche : « Las ! dist Renart, maleürez ! De male heure fu onques nez Qant Malebranche ai perdu, Le mien ami et le mien dru ; Or n'atent ja mes nul secors. Dame Fiere, les vos amors Ai ge comperees mout chier. Mes foi que je doi saint Richier A qui je n'en doi neïs point, Li rois Noble est en mal point. N'en puet partir en nule guise, Que desouz lange ne s'en cuise. » Dist Rovel : « Lessiez ce ester, Vos n'i pouez riens conquester. — Vos dites voir, fet il, Rovel, Mes foi que je doi saint Marcel, De ce me puis bien afichier, Li rois le comparra mout chier ; Ainz que cil chastiax soit renduz, Sera il as forches penduz. » A tant lessierent le plaidier. Li rois Noble se fist logier En mi les prez desouz la tor, Et jure Dieu le criator Que ja mes ne s'em partira Tant que Renart penduz sera.
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• 23960 : « Le mien ami et le mien dru » = « auquel je tenais tant »
• 23965 : « A qui je n'en doi neïs point » = « qui n’a rien a me reprocher »