jeudi 13 septembre 2018

Renart médecin - Renart en garde du royaume et de la reine




« Sire, dit Ysengrin au roi,
S


ire, dist Ysengrin au roi,
Renart est le meilleur d’entre nous,
autant que je sache,
c’est lui qu’il faut choisir, faites-moi confiance.
Il est audacieux, courageux,
et de grande vaillance.
Il a aussi un bon pedigree. »
Le roi répond : « C'est vrai,
puisque vous le jugez ainsi,
alors il sera le nouveau porte-étendard
comme vous le souhaitez, au nom de Dieu. »
Renart n’est pas chagriné
d’entendre ça, bien au contraire, sachez-le.
Il se jette aussitôt à ses pieds,
car il connaît les bonnes manières,
et lui baise les pieds,
tellement il est content.
Puis, il dit à messire Noble :
« Sire, mes enfants ici présents
sont grands et beaux, grâce à Dieu,
je vous prie, pour l’amour de Dieu,
de les faire chevaliers demain. »
Le roi lui répond en souriant :
« Renart, je l'accepte volontiers,
ils seront faits chevaliers demain,
d’ailleurs leur aide nous sera utile. »
Ils terminent la discussion là-dessus,
et passent la nuit dans l’église à prier.
Le lendemain,
le roi leur ceint l’épée de chevalier
de ses propres mains,
puis leur donne l’accolade.
Une fois faits chevaliers,
sans perdre de temps, le roi
appelle Renart et lui dit :
« Renart, fait-il, avec l’aide de Dieu,
nous allons partir au plus tôt.
Mais je vous prie, par saint Martin,
de rester ici
pour veiller sur mes terres,
avec Rouvel et Malebranche.
Percehaie, lui, fera partie de l’expédition,
et portera l’étendard et notre bannière
de soie immaculée.
Je veux l’emmener avec moi,
tandis que tous trois resterez ici
avec plusieurs autres barons
qui vous jureront allégeance.
Soyez certain que Tibert le chat
vous tiendra compagnie,
ainsi qu’Ysengrin
avec sa grande et respectable famille.
Tous vous jureront fidélité
devant moi, que ça plaise ou non.
Prenez soin aussi de la reine,
je vous en prie.
Je ne puis rester davantage avec vous,
je la confie à Dieu et à vous.
— Sire, fait-il, avec plaisir,
je le ferai quoi qu’il arrive,
mais j’ai besoin de l’entière loyauté de vos barons,
ce qui est bien normal. »
Le roi répond : « Vous l'aurez tout de suite. »
Là-dessus, il appelle Ysengrin
et Tibert, et dit sans les quitter du regard :
« Seigneurs, avancez ici
avec vos familles,
et faites le serment
de demeurer au côté de Renart
sans jamais quitter ce pays,
car Renart doit rester ici
pour assurer la paix sur mes terres.
Faites-lui le serment
de l’aider en toutes circonstances,
avec loyauté, et du mieux possible,
au cas où la guerre arriverait ici. »
Là-dessus, ils jurent fidélité
devant le roi sans discuter.
Le roi veut partir maintenant,
alors il fait remplir les chariots,
et charger armes et deniers,
pavillons et tentes,
sur les charrettes et les bêtes de somme.
Ils prennent congé, et partent
le mardi suivant à l’aube.
Ils sont plus de deux cent mille
à chevaucher à travers la campagne.
Percehaie porte l’étendard
qui flotte au vent,
mais il a le cœur triste, car il est malheureux
d’être séparé de son père.
Renart, toujours aussi mal intentionné,
reste avec la reine,
qu'il aime d’un amour entier
depuis bien longtemps.
Elle est d’ailleurs réjouie et heureuse
d’être avec lui.
Elle apprécie beaucoup
les nombreux baisers de Renart,
et ne fait aucune difficulté,
bien au contraire, tout cela lui plaît beaucoup.
Renart profite bien
de sa dame qu'il a pour lui seul.
Il a garni son château
du mieux qu’il peut de provisions,
de peur qu'on l'attaque.
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Tout le mieudre que je i voi
Et que sache eslire entre nos,
Ce est Renart, foi que doi vos.
Hardiz est et de fier corage,
Et mout a en lui vasselage,
Et si est bien emparentez. »
Li rois respont : « C'est veritez ;
Puis que vos l'avez esgardé,
Gonfanonnier soit de par Dé,
Puis que il vos vient a talent. »
Renart n'ot pas le cuer dolent,
Ainz en est mout liez, ce sachiez.
Tantost li est chaüz as piez
Conme cil qui est afaitiez,
Li a an .II. les piez baisiez
Pour la grant joie que il a.
Mesire Noble apela
Et dist : « Biau sire, mi enfant
Sont, Diex les sauve, bel et grant ;
Si vos pri por Deu et requier
Que demain soient chevalier. »
Li rois li respont liement :
« Renart, je l'otroi doucement ;
Le matin chevalier seront,
A cest besoing nos aideront. »
 A tant lessierent le plaidier ;
La nuit veillierent au mostier.
Et quant ce vint a l'endemain,
Li rois meïsmes de sa main
A a chascun çainte l'espee,
Et si lor donne la colee.
Quant il furent fait chevalier,
Li rois qui ne volt delaier,
Renart apele, si li dist :
« Renart, fait il, se Diex m'aït,
Movoir nos covient le matin.
Mes je vos pri por saint Martin
Que vos ici vos remanez,
Ma terre et mon païs gardez,
Rovel o vos et Malebranche ;
Le panon et l'ensaigne blanche
Qui est toute pure de soie
Portera en l'ost Percehaie.
Celui voil ge mener o moi,
Et ici remaindroiz tuit .III.
Et autres barons a plenté
Qui vos jureront feüté.
Tyberz li chas, n'en doutez mie,
Sera o vos en compaingnie
Et Ysengrin et sa mesnie
Qui mout ert bele et alingnie.
Foiauté vos jureront tuit
Devant moi, a qui qu'il anuit.
Et la roïne tout ausi,
Gardez la bien, je vos em pri.
Ne puis plus demorer o vos,
A Dieu la conmant et a vos.
 — Sire, fait il, vostre plaisir
Ferai, que m'en doie avenir.
Mes la feueté des barons
Vodré je, qar il est raisons. »
Li rois respont : « Vos l'avrez ja. »
A tant Ysengrin apela
Et Tybert, tout ses eulz voiant :
« Seignors, fait il, venez avant,
S'amenez toute vostre gent,
Si jurerez le serement
Que oveques Renart tout dis
Demorrez toz en cest païs.
Qar Renart est ici remés
Por garder ma terre en pes,
Mes .I. serement li ferez
Que vos partout li aiderez
Loiaument a vostre pooir,
Se veïez guerre movoir. »
A tant ont le serement fait
Devant le roi sanz plus de plait.
Adonc s'en volt li rois partir,
Mes ainz a fait les chars emplir,
Et armes trosser et deniers
Sor charetes et sor somiers ;
Paveillons et tentes trosserent.
Congié pranent, si s'en alerent
A .I. mardi a l'ainsjorner.
Furent plus de .IIC. millier,
Si chevauchent par la champaingne.
Percehaie porte l'ensaingne
Qui baloie contre le vent,
Mes le cuer ot tristre et dolent
Por Renart dont il fu sevrez.
Renart qui fu mout mal senez
Fu remés ovec la roïne
Qu'il amoit d'amor enterine
Et longuement l'avoit amee.
Or est avec lui demoree
Lie et joiant et envoisie ;
Mout sovente foiz est baisie
De Renart, quant aise en estoit,
N'ele pas nel contredisoit,
Ançois li plest mout et agree.
Renart a grant joie menee
Por sa dame qu'il ot o lui.
Mout a bien le chastel garni
Au miex que il puet de vitaille,
Car peor a qu'en ne l'asaille.
Comment Renart fut empereur Ce est la branche Renart coment il fu Empereres (30)
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