le roi et ses troupes avancent aussi vite que possible, sans rencontrer ni pluie ni vent, ce qui les arrange bien. Ils finissent par arriver après une longue route, et s’arrêtent à moins de trois lieues de l’ennemi, occupé à assiéger un château. Voilà qui contrarie beaucoup le roi, il s’adresse alors à ses hommes : « Barons, fait-il, écoutez-moi bien, je vous demande, au nom de Dieu, de vous mettre en ordre de bataille. — À vos ordres, sire », répondent-ils, et chacun prend son heaume. Puis, ils divisent l’armée en dix bataillons, et font mettre les hommes en rangs, prêts à avancer bravement. Percehaie porte l’étendard, il montre le chemin, et les bataillons se mettent en route. Couard le lièvre conduit le premier bataillon, et l’un de ses petits, c’est la vérité, porte la bannière qui flotte au vent. Belin mène le second, Tiécelin le troisième, Brun l’ours, fort et courageux, le quatrième, Chantecler, encore tout jeune homme, le cinquième, Épineux le hérisson, le sixième, Baucent le sanglier aux dents pointues, le septième, Ronel accompagné de Rousseau, le huitième, et Seigneur Frobert, le neuvième. Le roi, maître de l’armée entière, conduit le dixième avec Percehaie le courtois, et seigneur Bernard l’archiprêtre, un honnête homme partisan de la paix. Ce dernier les confesse tous, et leur dit : « Seigneurs, ne craignez pas ces infidèles, ils ne peuvent rien contre nous, soyez-en certains. Avancez fièrement sur vos chevaux, et avant qu’ils prennent leurs armes, tuez-les tous et mettez-les en pièces. » Le roi lui dit : « Voilà qui est encourageant ! Vous êtes vraiment un homme de bien, merci pour tous vos bons conseils ! Par saint Sylvestre, quel bon archiprêtre vous êtes ! Je vais vous couvrir d’honneurs, si Dieu me prête vie, vous serez fait évêque, faites-moi confiance, je vous en donne ma parole ici. — Sire, répond-il, tous mes remerciements. » Là-dessus, ils continuent leur route, et Couard tombe sur les ennemis avant qu’ils s’en rendent compte. Il fait de nombreux prisonniers car ils sont tous désarmés. Mais l’alerte est donnée et le reste des ennemis prend les armes. Couard est dans une mauvaise posture, mais Tibert arrive pour lui donner un coup de main. S’ensuit alors un terrible combat, Tibert brandit son épée, la lame bien aiguisée, il frappe un scorpion et lui coupe la tête et les pattes. Le chameau, pris de colère, lui fonce dessus, en jurant au nom de son Dieu, que c’est le diable qui les attaque. Il frappe violemment Tibert d’un coup de lance et le fait tomber de son cheval. Étendu de tout son long, il va se faire prendre, c'est la fin pour lui, mais Belin fonce dans le tas par surprise, et tamponne deux Sarrasins à leur faire jaillir les yeux de leurs orbites. Le chameau n’apprécie pas du tout, bien au contraire, sachez-le. Mais Belin n’en reste pas là, il est fou furieux, il brise la tête d’un autre, puis en tue quatre en un rien de temps. Mais si le taureau n’avait pas été là, il aurait trouvé la mort à coup sûr. Brun arrive alors à toute vitesse avec une centaine de barons qui haïssent les scorpions et qui veulent trancher des têtes. Ils frappent dans le tas avec l’envie de les massacrer, ils en écrasent et en tuent beaucoup. Que dire de plus ? Tous les païens se font tuer, aucun n’en réchappe. | 22716 22720 22724 22728 22732 22736 22740 22744 22748 22752 22756 22760 22764 22768 22772 22776 22780 22784 22788 22792 22796 22800 22804 22808 22812 22816 22820 | Et li rois s'en va toute voie Avec sa gent au miex qu'il puet. Il ne vente ne il ne pluet ; De qoi lor est bien avenu. Tant sont alé qu'il sont venu Chevauchant vistement et tost A mains de .III. liues de l'ost, A .I. chastel qui fu assis. Li rois fu durement pensis, Si a ses honmes apelez : « Barons, fait il, or m'entendez ; Je vos pri por Dieu et requier, Fetes voz batailles rengier. — Sire, font il, a vo plaisir. » Dont vont toz lor elmes saisir, Lor batailles ont devisees, Et aprés si les ont rengiees, .X. eschieles font de lor gent, Si chevauchent et bel et gent. Percehaie porte l'ensaingne, Si les conduit bel et ensaingne, Les eschieles font departir. Coart li lievres sanz mentir Conduit la premeriere et chaele O l'ensaigne qui mout ventele. La seconde mainne Belins, La tierce conduit Tiecelins, La quarte mainne Bruns li ors Qui mout estoit et fort et prous. La quinte conduit Chantecler Qui mout estoit fort bacheler. La siste, si con nos lisons, Mainne Espinart li heriçons. La septiesme conduit Baucenz Le sengler as agües denz. L'uitiesme conduit Rooniax, Et si estoit o lui Rousiax. La noviesme tout en apert A conduite sire Frobert. La disiesme conduit li rois Et Percehaie li cortois Qui estoit de trestot l'ost mestre, Et dant Bernart li arceprestre Qui mout fu preudons et de pes ; Trestoz les avoit fet confés, Et dist : « Seignors, ne doutez ja Cele parjure gent de la. N'aront ja contre nos pouoir, Ice sachiez vos bien por voir. Desor chevauchiez fierement ; Ainz qu'il aient armé lor gent, Les avron detrenchiez et mort. » Dist li rois : « Ci a bon confort ; Mout a en vos bonne personne, Bien ait qui tel conseil nos donne ! Par la foi que doi saint Sevestre, Mout a en vos bon arceprestre. Je vos vodrai mout hennorer, Se Diex me donne retorner, Que par la foi que je vos doi, Evesques serez de la loi ; Le don vos en otroi ici. — Sire, fait il, vostre merci. » A tant pranent a chevauchier, N'en sorent mot li aversier, Si est Coarz sor euls venuz ; Mout en a pris et retenuz, Car il furent tuit desarmé. Es vos en l'ost le cri levé, As armes corent maintenant. Ja fust Coarz mal covenant, Quant Tybert i estoit venuz ; Par lui fu mout tost secoruz. La ot mout estoute mellee, Et Tybert tint el poing l'espee, Le branc en fu bien esmoulu, S'a .I. escorpion feru ; La teste li coupe et les piez. Li chameus en fu mout iriez, Tantost li estoit coru sus, Et jure Dieu qui est la sus Que maufez li ont enbatu. Lors l'a si durement feru De sa lance que il l'abat Du cheval a terre tout plat. Ja fust retenuz, c'est la fins, Qant entre eus se feri Belins, Si con il venoit esconsez ; As .II. Sarrazin est hurtez Que il lor fist voler les eulz. Li chameus nel tint mie a gieuz, Ainz li anuie, ce sachiez ; Et Belins se rest eslessiez, L'esragié fait et le desvé ; .I. autre en a escervelé. En poi d'eure en a .IIII. mors, Mes se n'eüst esté li tors Mort i fust il sanz raençon ; Et Brun si vint a esperon Qui o lui ot tiex .C. barons Qui heent les escorpions Si conme des testes tolir. En la presse les vont ferir, D'eus honir sont entalenté ; Mout en ont mort et craventé. Qu'iroie lonc conte faisant ? Maté furent et recreant, Que de la n'en eschapast pié, |
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