car il est le plus jeune. Bernard est plus âgé, parce qu'il est né avant lui. Tous deux s'éloignent comme le loup leur a expliqué. Puis il leur dit : « Seigneurs, partez ! et faites du mieux que vous pouvez. » Belin part à toute vitesse. Quand il arrive sur le loup, il baisse ses cornes, et frappe Ysengrin de toutes ses forces. Ce dernier est projeté à la renverse, et se retrouve étendu par terre de tout son long. Alors qu'il se relève, voici Bernard qui le frappe de l'autre côté, et l'envoie valser derrière Belin. Ils lui ont brisé quatre côtes, ils ont bien failli le tuer. Puis ils décampent aussitôt en se moquant du loup. Il s'évanouit plus de cent fois, il est dans une grande détresse, le sang qui jaillit de son nez avec force coule à flot Puis il se calme un peu et reprend ses esprits : « Ah ! je suis las, dit-il, pauvre de moi, le malheur me tombe toujours dessus. On dit de l'épervier, qu'à tant vouloir chasser l'alouette, il la saisit trop vite en plein vol, et la laisse s'échapper. Ces seigneurs, ces diables vivants ont fait de moi leur arbitre, mais étais-je vraiment tenu de répartir ces terres ? » Cette branche est courte mais bonne, et rend très bien si elle est bien dite. | 10592 10596 10600 10604 10608 10612 10616 10620 10624 10628 | Qui estoit le plus jovenciax ; Mes Bernart estoit plus senez, Por ce qu'il estoit li ainz nez. Conmunement sont esloingnié, Si con li leus l'ot desresnié. Il lor a dit : « Seignor, movez ! Fetes le miex que vos pouez. » Belin s'esmuet de grant ravine ; Quant vient au leu, ses cornes cline, Par grant vertu fiert Ysengrin Si qu'il le giete tot sovin, Tout estendu, de l'autre part. Au relever es vos Bernart Qui le fiert en l'autre costé, Devers Belin le ra gité. Qatre costes li ont brisié, A bien petit l'ont mort lessié ; Puis si s'en tornent a itant, Du leu s'en vont escharnissant. Il se pasme plus de .C. foiz, Si est angoisseus et destroiz ; Le sanc li saut a grant randon Par mi le nes a grant foison. Quant il fu .I. poi acoisiez, De pasmoison est repairiez : « Ha ! las, dist il, dolenz chaitis, Con sui maleürez tout dis. La costume ai a l'esprevier, Que l'aloe vet tant chacier Que il la prent par tost voler Et puis si l'en relet aler. Li vif deable, li seignor, M'avoient fet partisseor ; Et que devoit a moi tenir De terre donner et partir ? » Ceste branche est bone et petite Et bien fete, s'ele est bien dite. |
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