dimanche 22 janvier 2012

Le jugement de Renart - Les adieux de Renart




« Seigneur Renart, lui dit Grimbert,
S


ire Renart, ce dist Grimbert,
vous m'avez révélé vos péchés
et tout le mal que vous avez fait ;
si Dieu vous tire de cette affaire,
gardez-vous bien de récidiver.
— Que Dieu ne m'accorde pas de vivre davantage,
lui répond Renart, si jamais je fais
quelque chose qui Lui déplaise. »
Comme il consent à tout ce que veut Grimbert,
celui-ci l'absout aussitôt en s'adressant à lui
moitié en français, moitié en latin.
Quand le matin arrive, Renart
quitte sa femme et ses enfants ;
le chagrin est grand au moment de la séparation.
Il prend alors congé de sa famille :
« Enfants de haut lignage, dit-il,
veillez à protéger mes châteaux,
quoi qu'il advienne de moi,
contre comtes et rois,
car pendant des mois, vous ne trouverez pas
de comte, de prince, ou de seigneur
qui ne cherchent pas à vous faire un mauvais coup.
Mais vous ne serez jamais maltraités par eux
si vous levez les ponts,
car vous avez assez de vivres ;
je ne crois pas que vous en manquerez avant sept ans.
Que pourrais-je vous dire encore ?
Je vous recommande tous à Dieu,
puisse-t-il me ramener ainsi que je le souhaite. »
Sur ce, il pose le pied sur le seuil
en sortant de sa tanière
et commence une prière :
« Dieu, fait-il, Roi tout puissant,
préserve mon savoir et ma raison
afin que je ne les perde pas par peur
devant mon seigneur le roi
quand Ysengrin m'accusera.
Et pour tout ce qu'il me reprochera,
faites que je puisse lui rendre la pareille
en me récusant ou en me défendant.
Qu'il me donne de repartir sain et sauf
pour que je puisse encore me venger
de ceux qui me font une si grande guerre ! »
Il se couche alors face contre terre,
par trois fois se reconnaît coupable,
puis se signe pour se protéger du diable.
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Vos pechiez m'avez descouvert
Et le mal que vos avez fait ;
Se Diex vos giete de cest plait,
Gardez vos bien du renchaoir.
— Ja Dex ne me dont tant veoir,
Ce dist Renart, que ja mes face
Nule chose qu'a Dieu desplace ! »
Il li otroie qanqu'il volt,
Cil l'asolt et li dist tantost
Moitié romanz, moitié latin.
Renart, quant ce vint au matin,
Laissa sa fame et ses enfanz ;
Au departir fu li dels granz.
Congié prist a son mariage :
« Enfanz, dist il, de haus parage,
Pensez de mes chastiax tenir,
Que que de moi doie avenir,
Contre contes et contre rois ;
Car vos ne troverez des mois
Conte, prince, ne chevetainne
Qui vos mesface une chastaingne.
Ja par euls ne serez grevez,
Se vos avez les ponz levez,
Car vos avez assez vitaille ;
Ne cuit devant .VII. anz vos faille.
Que vos iroie je disant ?
A Damedieu toz vos conmant,
Qui me ramaint si con je voil. »
A tant mist le pié sor le soil,
A l'issue de sa tesniere
A conmencie une proiere :
 « Diex, fist il, rois omnipotens,
Garde mon savoir et mon sens
Que je nel perde par peor
De devant le roi mon seignor,
Qant Ysengrin m'acusera.
De quant qu'il me demandera,
Que je li puisse reson rendre
Ou du lessier ou du desfendre !
Me doint sain et sauf reperier,
Qu'encore me puisse vengier
De ceus qui me font si grant guerre ! »
Lors se coucha adenz a terre
Et .III. foiz se rendi corpables,
Et se seigna por les deables.
Comment Renart trompa Brun l'ours avec le miel Si conme Renart conchia Brun li ours du miel (10)
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