de venir à ses côtés. Le tigre arrive, puis la panthère. Et Cointereau l'enchanteur, un singe qui est né en Espagne s'est joint à la compagnie. Le loup fait tout pour les rassembler. Quand ils sont tous arrivés, il les exhorte et les supplie beaucoup : « Chers seigneurs, fait-il, écoutez-moi donc ! Je vous ai fait venir pour mon procès, je vous prie maintenant de me soutenir, puisque vous êtes réunis ici. » Alors, les étrangers, les intimes, et tous ceux de sa famille lui ont promis, assuré même, que jamais ils ne se dédiront avant qu'il ait tout son dû. Il les tient tous bien en main, mais Renart n'en a guère moins. Il a aussi préparé ses hommes, et tous ceux de sa maisonnée, autant qu'il a pu en avoir par ses prières, et ils se sont ralliés à sa bannière. Ce jour là, son gonfanon est porté par le prévôt qui a pour nom Fouinet. Tibert le chat est avec, lui qui hait Renart, néanmoins il agit ainsi parce que ça lui importe. Grimbert, qui avait transmis la convocation, n'ose pas éconduire Renart. Quoi qu'on puisse dire, il ne lui ferait jamais défaut, c'est la moindre des choses, car il est son cousin germain. De même, Rousselet l'écureuil qui n'est point paresseux, n'y va pas en courant, mais il y trotte Et madame Gente la marmotte, Courte la taupe et seigneur Pelé le rat, ont déjà été convoqués. Seigneur Galopin le lièvre arrive puis la loutre, la martre et le castor, le hérisson et la belette. Et la fourmi ne se cache pas, au contraire elle avance fièrement, car elle veut hardiment aider Renart dans cette affaire. Le lapin, néanmoins, n'aurait pas pris soin de se déplacer, car il se dérobe beaucoup, mais seigneur Renart a fait trêve avec lui. Il y a une très grande foule à cette rencontre. Renart n'abandonne ni ne recule, ceux qui vont avec lui non plus, ils ne s'arrêtent qu'au village où le procès doit être tenu. Seigneur Ysengrin est déjà arrivé. Lui et Renart ont séparé leurs troupes en deux parties. Seigneur Ysengrin est dans la plaine, et Renart est du côté de la montagne. Seigneur Ronel, qui guette Renart, le cou replié, la langue tirée, imite très bien une bête morte car il ne remue ni pied ni tête. Il s'est immobilisé au-dessus du fossé. Le guet-apens a été mûrement réfléchi : dans un verger à côté de la haie, de ceux qu'il a emmené avec lui, il y a bien trente lices et mâtins, et plus de cent de ses compagnons estimés et choisis un par un, qui n'ont de haine que pour Renart. | 5044 5048 5052 5056 5060 5064 5068 5072 5076 5080 5084 5088 5092 5096 5100 5104 5108 5112 | Que il viengne de seue part. La tigre vint et la pantere, Et Cointeriax li enchanterre, .I. singe qui fu nez d'Espaingne, S'est ajostez a la compaingne. Tant fet li leus qu'il les assemble. Quant il sont parvenuz ensemble, Mout les a semons et proiez : « Biau seignors, fet il, ore oiez ! A mon plet vos ai amenez, Or vos pri que le maintenez, Puis que ci estes aüné Et li estrange et li privé. » Et tuit cil de son parenté Li ont plevi et creanté Que ja ne seront recreant Devant qu'il ait tot son creant. Bien les a touz desouz ses mains, Mes Renart n'en a gueres mains, Einsi a sa gent atornee, Et trestouz ceus de sa mesniee, Quant qu'en pot avoir par prïere, Sont aüné a sa baniere. Cel jor porta le confanon Le prevost qui Foinez ot non, Et Tybert li chaz est avec, Qui Renart het, mes neporec S'en fet il ce que a lui monte. Grimbert qui ot fet la semonte N'en ose Renart escondire, Ne ja por riens qu'en sache dire, Ne li faudra ja, c'est del mains, Car il est ses cosins germains. Nis Rouselez li escureus Qui n'estoit mie pereceus, N'i va pas corant, mes i trote. Et dame Gente la marmote, Corte la taupe et danz Pelez Li raz fu avant apelez. Dant Galopins i vint li lievres, La lurre, la martre et li lievres, Li heriçons et la mostele. Et li formiz pas ne s'i cele Que il n'i viengne fierement, Que il voudra hardiement Renart aidier a cest besoing. Mes li connins n'en eüst soing De son venir, car mout s'eschive, Mes dant Renart en a pris trive. A l'asembler ot mout grant presse. Renart ne fine ne ne cesse, Ne cil qui avec lui alerent, Jusque a la vile n'aresterent Ou li plez doit estre tenuz. Dant Ysengrin i est venuz. Il et Renart ont departies Lor compaingnes en .II. parties. Sire Ysengrin fu en la plaingne, Et Renart fu en la montaingne. Dant Rooniax qui Renart gaite Le col plaié, la langue traite, Contrefait si la morte beste Qu'il ne remuet ne pié ne teste. Sor la fosse s'est arestez. Touz li agaiz fu porpensez En .I. verger delez la soif De ceus qu'il ot menez o soi, Bien .XXX. lisses et gaingnons, Plus de .C. de ses compaingnons Prisiez et esleüz par non, Qui ne heent se Renart non. |
Je crois que le v. 5071 signifie plutôt "il fait ce qui peut lui rapporter (des avantages, du butin...". Mais je suis bien sûre que, au v. 5074, "Quoi que qu'on puisse dire," contient au moins un "que" de trop ! "Quoi qu'on puisse dire" serait plus correct. Au v. 5084, c'est dans la transcriptions en ancien français qu'il y a une erreur: "bièvres", non "lièvres"
RépondreSupprimerLe verbe « monter » veut aussi dire « importer, valoir, être utile, servir » comme dans l'expression « a vos que monte » qui signifie « que vous importe ». Il y a effectivement l'idée de ce que ça peut « rapporter ». La traduction « ça lui importe » est donc conservée.
SupprimerLe « que » en trop (faute de frappe) est supprimé comme proposé pour donner « quoi qu'on ».
La répétition de « lievres » est peut-être une erreur dans le texte en ancien français dans l'édition de FHS, au lieu de « bievres » comme dans Méon v1 9060 et Martin Va 1084, mais c'est pourtant ce qui est écrit. Il est toutefois traduit par « castor ».
Merci pour vos remarques.
J'étais en quête d'une fouine dans le Roman de Renart. Un moteur de recherche m'a "branché" sur l'épisode de votre admirable site consacré aux préparatifs du procès, sans doute en raison de la présence du mot "fouine" dans le mot "Fouinet", nom que vous avez donné au prévôt nommé Foinez qui, au vers 5068, fait office de porte-gonfanon pour Ysengrin.
RépondreSupprimerOr, dans les autres versions que j'ai pu consulter, il ne s'agit pas d'un prévôt, mais d'un putois (de la même famille que ma fouine, donc : "Cel jour porta son gonfanon/Li putois qui Foinez ot non". Dans l'édition 10-18 de 1981, le nom de Foinez est d'ailleurs "traduit" Bonnefoi, je ne suis pas assez savant pour savoir pourquoi!
Pouvez-vous m'éclairer sur ce qui est peut-être une différence entre plusieurs manuscrits de référence?
Merci et bravo pour votre considérable travail que j'ai découvert à cette occasion!
Le nom « Foinez » est construit sur « fouine/foine ». Effectivement ce texte ne fait pas référence à un putois contrairement à d'autres manuscrits.
RépondreSupprimerMerci pour vos encouragements.