Toute la cour s'incline devant lui, car d'un commun accord, il a été désigné comme porte-parole. Il est le tout premier à se lever. « Renart, fait-il, vous qui devez faire vos excuses à Ysengrin, ainsi que les barons l'ont décidé, approchez-vous pour prêter serment, et faites le donc hardiment. Nous savons bien, si cela lui avait convenu, qu'il aurait pu être suffisant de vous croire sans avoir à jurer, néanmoins vous allez promettre sur la dent de saint Ronel le renfrogné, que vous n'avez pas trahi Ysengrin, ni couché avec votre commère, qu'il n'a subi aucun déshonneur à cause de vous, ni été trompé en aucune manière, et que c'est à tort s'il ne vous croit pas. » À ces mots, Renart prend place d'un bond, s'apprête et se retrousse avec soin, puis se met en position rapidement comme s'il allait faire le serment. Renart a toujours su éviter les pièges, par contre la biche sous la branche ne l'a pas toujours su. Il s'aperçoit alors qu'il est dans un guet-apens, et que Ronel est en bonne santé à voir son flanc qui se débat et se démène, quand il souffle ou prend sa respiration. Il se recule car il le craint. Quand Brichemer voit qu'il s'éloigne : « Renart, mon frère, que se passe-t-il ? Il vous faut mettre la main droite exactement sur la dent de Ronel. Faites en sorte que vous ayez le droit pour vous, puis prêtez votre serment ouvertement devant nous tous. » | 5116 5120 5124 5128 5132 5136 5140 5144 5148 5152 | A lui s'encline la cort toute, Car par conmun asentement Fu apelez au parlement. Tout premerain s'en est levez. « Renart, fait il, vos qui devez A Ysengrin faire escondit Einsi con li baron l'ont dit, Aprochiez vos du serement, Si le fetes hardiement. Nos savons bien, se lui pleüst, Q'assez croire vos en deüst Sanz le jurer, mes nequedent Vos jurerez desus la dent Saint Roonel le rechingnié, Que Ysengrin n'avez boisié, N'a vostre conmere jeü, Ne par vos tel hontage eü N'en tel maniere deceü, A tort vos en a mescreü. » A cest mot saut Renart en place, Mout s'apareille et se rebrace, Et mout s'atorne vistement, Con de fere le serement. Tot jors sot mout Renart de guenche, Ainz n'en sot tant biche soz branche. Bien aparçut qu'il ert gaitiez Et que Rooniax ert haitiez Au flanc qu'il debat et demainne, Quant il soufle et prant s'alaine, Arrier se tret qu'il le resoingne. Quant Brichemer voit qu'il s'esloingne : « Renart, frere, que ce puet estre ? Metre vos covient la main destre Desus la dent Roonel droit. Fetes tant que vos aiez droit, Et fetes vostre serement Devant nos tout apertement. » |
Merci pour cette excellente fable, qui est toujours d'actualité.
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