et si je me trompe, alors corrigez-moi. Il me semble que nous avons dit d'Ysengrin, qui a porté plainte en premier, qu'il aura entière réparation pour ce qu'il pourrait demander. Pourtant, il lui faudra trouver, s'il veut prouver la chose, une tierce personne pour soutenir sa cause, à une date donnée ou sur-le-champ. Nous avons aussi établi conformément au droit qu'il ne pouvait rien obtenir autrement, et qu'il n'était pas légitime qu'il tire avantage de ce que sa femme pourrait dire. Brun et Baucent en ont débattu, mais ceux qui étaient là avec nous se sont rangés de mon côté. L'affaire est maintenant si bien partie que chacun aura sa part de justice. Puis nous avons examiné de quelle manière et quand sera prononcé le serment pour qu'Ysengrin considère sa plainte traitée. Ce sera dimanche matin devant Ronel le mâtin. Je ferai savoir à Renart qu'il vienne, et qu'il se comporte de telle sorte qu'il fasse bonne figure, au nom de Dieu, ainsi que nous l'avons décidé. » Le lion répond en riant : « Jamais, par les saints de Bethléem, je n'aurais été aussi content, même pour cent livres, que d'être débarrassé de cette affaire. Je ne veux plus m'en mêler maintenant, sinon pour leur communiquer le jour du procès. Tous les compagnons y seront, devant Ronel le mâtin, et le chien Frobert de la Fontaine, dimanche après la messe. Renart cherche toujours à se cacher, mais je le ferai convoquer. Grimbert le blaireau ira chez lui, et lui dira de notre part qu'après la procession il donne satisfaction à Ysengrin, et qu'il ne contredise en rien tout ce que Ronel lui dira. » Tous s'en tiennent à ces paroles, faibles et forts, jeunes et vieux. Chacun s'en va dans sa demeure, Brichemer, Baucent, Brun, puis une grande partie des autres, et finalement toute la cour se sépare. | 4904 4908 4912 4916 4920 4924 4928 4932 4936 4940 4944 4948 4952 | Et se je fail, si m'amendez. Ce m'est avis que nos deïsmes D'Ysengrin qui se clama primes, Que toute sa droiture avra De quanque demander savra. Mes il li covendroit trouver, Se il la chose velt prover, Soi tierz por amender son droit A jor nonmé ou orendroit. Puis feïsmes par droit ester Qu'il ne pouoit riens conquester, Ne droit n'estoit qu'il conquersist Por riens que sa fame deïst. Brun et Baucent en desputerent, Mes cil qui avec nos la erent Se tindrent miex a ma partie. Mes la chose est si bien partie Que chascun avra sa droiture. Puis gardomes en quel mesure Et quant sera la loi descrite Si qu'Isengrin claint trestot quite. C'iert diemenche par matin Devant Roonel le mastin. La menderé Renart qu'il viengne, Et qu'en tel guise se contiengne Qu'il face sa pes de par Dé, Si con nos l'avons esgardé. » Li lyon respont en riant : « Ja par les sainz de Belleant, Ne fusse si liez por .C. livres Con de ce que j'en sui delivres. Or ne m'en voil plus entremetre, Ainz lor donré jor de plait metre. Tuit i seront mi compaingnon Devant Roonel le gaingnon, Li chien Frobert de la Fontaine, Aprés la messe diemeine. Renart se velt adés repondre, Mes je le feré a semondre. Grimbert le tesson i ira, Et de nostre part li dira Que aprés la porcession Li face satifasion, Ne ja riens il n'en contredie De quanque Roonel li die. » A cest mot se sont tuit tenu, Et foible et fort, jane et chanu. A son ostel s'en va chascun, Brichemer et Baucens et Brun, Et d'autre une grant partie, Et quant la cort fu departie. |
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