dimanche 13 mars 2011

À la cour du roi Noble - Le roi écoute Brichemer




« Seigneurs, fait-il, écoutez-moi donc
S


eignors, fet il, or m'entendez,
et si je me trompe, alors corrigez-moi.
Il me semble que nous avons dit
d'Ysengrin, qui a porté plainte en premier,
qu'il aura entière réparation
pour ce qu'il pourrait demander.
Pourtant, il lui faudra trouver,
s'il veut prouver la chose,
une tierce personne pour soutenir sa cause,
à une date donnée ou sur-le-champ.
Nous avons aussi établi conformément au droit
qu'il ne pouvait rien obtenir autrement,
et qu'il n'était pas légitime qu'il tire avantage
de ce que sa femme pourrait dire.
Brun et Baucent en ont débattu,
mais ceux qui étaient là avec nous
se sont rangés de mon côté.
L'affaire est maintenant si bien partie
que chacun aura sa part de justice.
Puis nous avons examiné de quelle manière
et quand sera prononcé le serment
pour qu'Ysengrin considère sa plainte traitée.
Ce sera dimanche matin
devant Ronel le mâtin.
Je ferai savoir à Renart qu'il vienne,
et qu'il se comporte de telle sorte
qu'il fasse bonne figure, au nom de Dieu,
ainsi que nous l'avons décidé. »
Le lion répond en riant :
« Jamais, par les saints de Bethléem,
je n'aurais été aussi content, même pour cent livres,
que d'être débarrassé de cette affaire.
Je ne veux plus m'en mêler maintenant,
sinon pour leur communiquer le jour du procès.
Tous les compagnons y seront,
devant Ronel le mâtin,
et le chien Frobert de la Fontaine,
dimanche après la messe.
Renart cherche toujours à se cacher,
mais je le ferai convoquer.
Grimbert le blaireau ira chez lui,
et lui dira de notre part
qu'après la procession
il donne satisfaction à Ysengrin,
et qu'il ne contredise en rien
tout ce que Ronel lui dira. »
Tous s'en tiennent à ces paroles,
faibles et forts, jeunes et vieux.
Chacun s'en va dans sa demeure,
Brichemer, Baucent, Brun,
puis une grande partie des autres,
et finalement toute la cour se sépare.


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Et se je fail, si m'amendez.
Ce m'est avis que nos deïsmes
D'Ysengrin qui se clama primes,
Que toute sa droiture avra
De quanque demander savra.
Mes il li covendroit trouver,
Se il la chose velt prover,
Soi tierz por amender son droit
A jor nonmé ou orendroit.
Puis feïsmes par droit ester
Qu'il ne pouoit riens conquester,
Ne droit n'estoit qu'il conquersist
Por riens que sa fame deïst.
Brun et Baucent en desputerent,
Mes cil qui avec nos la erent
Se tindrent miex a ma partie.
Mes la chose est si bien partie
Que chascun avra sa droiture.
Puis gardomes en quel mesure
Et quant sera la loi descrite
Si qu'Isengrin claint trestot quite.
C'iert diemenche par matin
Devant Roonel le mastin.
La menderé Renart qu'il viengne,
Et qu'en tel guise se contiengne
Qu'il face sa pes de par Dé,
Si con nos l'avons esgardé. »
Li lyon respont en riant :
« Ja par les sainz de Belleant,
Ne fusse si liez por .C. livres
Con de ce que j'en sui delivres.
Or ne m'en voil plus entremetre,
Ainz lor donré jor de plait metre.
Tuit i seront mi compaingnon
Devant Roonel le gaingnon,
Li chien Frobert de la Fontaine,
Aprés la messe diemeine.
Renart se velt adés repondre,
Mes je le feré a semondre.
Grimbert le tesson i ira,
Et de nostre part li dira
Que aprés la porcession
Li face satifasion,
Ne ja riens il n'en contredie
De quanque Roonel li die. »
A cest mot se sont tuit tenu,
Et foible et fort, jane et chanu.
A son ostel s'en va chascun,
Brichemer et Baucens et Brun,
Et d'autre une grant partie,
Et quant la cort fu departie.
Comment Ysengrin alla se plaindre de Renart à la cour du roi Si conme Ysangrin s'ala plaindre de Renart a la cort le roi (9)
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