dimanche 31 octobre 2010

Primaut et les harengs - La fesse du paysan




Quand Primaut aperçoit la porte ouverte,
Q


uant Primaut choisi l'uis ouvert,
alors qu'il tient ce misérable félon de paysan
par les fesses avec ses dents,
(il y a planté toutes ses dents),
il voit qu'il peut très bien s'en aller.
Il relâche son étreinte,
mais tire fort pour emporter un morceau.
Il s'enfuit par la porte,
pousse la femme sur le seuil,
et la fait tomber dans la boue.
Il s'en va en courant vers la forêt,
où il repère Renart le roux
qui l'attend au loin,
et se lamente abondamment
par traîtrise et malveillance.
Sachez pourtant que Renart
n'aime guère Primaut, ni ne l'estime,
mais il lui fait bonne mine,
car il ne veut pas que l'autre s'en aperçoive.
J'espère qu'il recevra
une mauvaise récompense à la fin.
Primaut ne s'arrête
que lorsqu'il arrive près de lui.
Renart qui l'avait vu,
semble pensif et très pâle,
et fait une mine affligée.
Primaut lui adresse la parole :
« Renart, fait-il, voulez-vous manger ?
— Manger ? fait-il, pardieu,
vous vous êtes bien moqué du paysan.
Mais dites moi donc, sur votre âme,
s'il vous a blessé. — Ma foi, pas du tout,
fait Primaut. Sachez en vérité,
comme vous pouvez très certainement deviner,
que je lui ai causé de grands dommages.
J'ai un morceau de ses fesses
que je vous ai apporté ici. »
Il lui jette alors sur ses pattes :
« Tenez, fait-il, mangez donc,
la chair de paysan est très bonne,
elle vaut plus que je ne saurais le dire.
— Primaut, dit Renart, par ma peau
et pour la confiance que je dois à Malebranche,
la chair de paysan, qu'elle soit noire ou blanche,
n'a de valeur en aucune saison.
Jamais, s'il plaît à Dieu, je n'en mangerai. »
Primaut se met très en colère
et jure qu'il lui fera payer.
Il bat Renart durement
sans aucun avertissement.
Renart est tout surpris
que Primaut l'attaque ainsi,
et lui dit à haute voix :
« Vous avez tort, seigneur Primaut,
sachez que si vous m'aviez occis,
j'ai des enfants de grande vertu,
qui bien vite, s'ils l'apprenaient,
vous débarrasseraient le corps de son âme. »
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Qui le vilain fel et cuivert
Tenoit par les naches as denz,
Toutes i ot mises ses denz,
Et voit que bien s'en puet aler,
Lors let toute sa force ester,
Si sache que la piece enporte.
Fouiz s'en est par mi la porte,
La fame a sor le sueil boutee,
Si l'a en la boue tornee.
Vers la forez s'en va le cors,
Si a trouvé Renart le rous
Qui en la forez l'atendoit
Et durement se dementoit
Par traïson et par envie.
Neporquant sachiez que sa vie
N'ainme il gueres ne n'a chierre,
Et si li fesoit bele chiere,
Que ne velt que il s'aparçoive.
Et je voil que il en reçoive
Males soudees en la fin.
Et Primaut ne prist onques fin
Tant que il est a lui venu.
Et Renart qui l'avoit veü
Pensis et si descoloré,
Chierre fesoit d'onme adolé.
Primaut le prent a aresnier :
« Renart, dist il, vels tu mengier ?
— Mengier ? fet il, par le cuer Dé,
Tu as bien le vilain gabé.
Or me di par l'ame de toi
S'il t'a blecié. — Nenil, par foi,
Fet Primaut, ce saches de voir,
Et si puez bien de fi savoir
Que je li ai fet grant donmage.
J'ai une piece de sa nache
Que je t'ai ici aportee. »
Lors li a el giron boutee :
« Tenez, fet il, et si mengiez,
Char de vilain si est daintiez,
Ele vaut plus que je n'apel.
— Primaut, dist Renart, par ma pel,
Ne foi que je doi Malebranche,
Char de vilain noire ne blanche
Si n'est preuz en nule saison.
Ja, se Diex plet, n'en mengeron. »
Primaut forment se courouça
Et jure qu'il le comperra.
Il bati Renart durement
Sanz nul autre menacement.
Renart fu trestouz esbahiz,
Quant Primaut l'ot si envaïz,
Si li a dit trestot en haut :
« Vos avez tort, sire Primaut,
Sachiez se m'avïez ocis,
J'ai enfanz qui sont de grant pris,
Qui bien tost, se il le savoient,
L'ame du cors vos osteroient. »
Comment Renart et Primaut vendirent les vêtements au prêtre contre un oison Si conme Renart et Primaut vendirent les vestemenz au prestre por un oyson (8)
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