car il ne peut se retenir davantage. Il se met à réprimander Renart, et à l'injurier durement : « Félon de rouquin, traître à Dieu, perfide trompeur, tu es un sacré mécréant pour avoir donné ton amour à Hersent, cette vieille défoncée de la croupe, qui ne peut plus tenir sur ses pattes. Tu peux toujours la soutenir ! Laisse-la pendant qu'il est encore temps, c'est une diablesse, un corbeau, une vieille barbue qui enfile des verges depuis vingt-quatre ans au moins, voire plus, ou je ne sais combien. Mais je sais pour sûr, et toi aussi tu devrais le savoir, qu'il n'y a pas jusqu'aux mers gelées de gars qui ne l'ait tringlée. Ah ! quel plaisir, quelle compagnie ! Sa putasserie est si vieille qu'elle a autour du cul plus de rides qu'il n'y a de ronces dans un arpent de bois. Misérable ! tu devrais être confondu, elle pourrait même te cacher dans la peau qui lui pend au cul. Confesse-toi, repends-toi de ce péché et de tous les autres. Va-t'en en Grèce ou en d'autres terres, en Écosse ou en Angleterre, elle n'ira pas te chercher si loin, elle aura vite fait de t'oublier. Même si tu étais à Chambly, elle s'arrêterait avant Ronquerolles sous prétexte que les routes sont boueuses. Elle n'irait jamais te voir, tu pourrais t'y installer pour toujours. Elle chercherait plutôt un gros coquin avec une bite bien grosse et dure, pour se faire sonder la plaie, plutôt que de l'étoupe ou de la charpie. Mais elle ne trouve plus de sonde assez grande qu'elle puisse sentir un fois dedans, ne serait-ce qu'un peu. La plaie qu'elle a là, lui a été faite trop profondément. Même les plaies que font les chevaliers ont au moins deux extrémités, il n'est donc pas si difficile de pouvoir y regarder et explorer. Mais personne n'ose traiter celle-ci avec des onguents ou des potions, puisqu'aucune sonde n'est suffisante, on n'y prendrait de la peine pour rien, et la plaie ne serait pas guérie dans l'année. Personne ne peut éteindre le feu de sa plaie, puisqu'on ne peut en atteindre le fond. Elle a toujours le cul béant, capable de contenir assez d'eau pour y laver les quatre pieds d'un palefroi. Quatre sous de vieux suif ne suffirait pas à combler les rides que la vieille a entre les deux aines. Elle a eu plus de coups de bite qu'il n'y a de feuilles sur cent saules en été, quand le feuillage est le plus dru. Dieu ! que cherchent-ils donc tous ? Hersent n'a plus une dent dans la gueule, elle a fait plus de mal à elle toute seule, que toutes les putains du monde. Hersent vous pouille, Hersent vous tond, Hersent vous plume, Hersent vous écorche. Par les saints de Dieu, c'est là l'essentiel, on a bien raison de la nommer Hersent la louve, car tous les maux couvent en elle. Renart n'y connaît vraiment rien, ni même en ruse, comparé à elle. Qui saurait mieux, sinon Hersent ? Dès le temps du roi pharaon, elle a pratiqué ce métier. Il n'y a pas, dans le monde entier, de mortier en pierre dure ou en cuivre, qui aurait subi un tel traitement, ou qu'on aurait tant battu sans en démolir le fond, ou en casser les côtés. Et on se met dans le sien, et on s'en retire, on fait en sorte qu'il ne reste jamais oisif. De Morenchies à Puiseux, on ne trouverait pas assez d'étoupe, tant ils le battent et l'enfoncent. Mais on a beau pousser et tirer, dès le lendemain on dirait que tout ce qu'on a pu y mettre est perdu, car la vieille est trop roublarde. Par le cœur de Dieu, qu'as-tu donc ? Prends-tu de grandes échasses, ou y montes-tu par un escalier ? en fait, elle se couche de son plein gré. Par le cœur de Dieu, c'est comme la fontaine qui toujours coule et reste pleine. Elle sait bien assez de fourberie pour avoir pris même Renart grâce à son cul, au vu et au su de tous, lui qui pourtant trompe tout le monde. Je ne connais personne mieux berné que celui qui se fait avoir pour un cul. Qui prend un cul, se fait toujours rouler, et quand il le rend, il se fait chier dessus. C'est étonnant qu'il y tienne ! qu'il le lâche ou le retienne, il finira par dire des gros mots, et on le prendra pour un sot. Renart, prenez une autre amie qui en sache plus en courtoisie, et un peu plus jeunette aussi, voilà qui serait bien et honorable. Liez donc connaissance, un matin, avec la femme de Belin, elle est courtoise, ronde, belle et tendre. Elle se laisserait bien prendre, elle n'est pas désagréable, au contraire elle est sage et bien éduquée. Il faut savoir aller et venir, là où l'on a des chances d'arriver. Mais pas à Hersent, cette sale vieille qui réveille en chacun tous les maux, cette grosse rombière qui pète du cul que tous les mâtins lui rognent ! Il n'y a pas de chien en rut dans le monde, qu'elle n'attire et n'accueille. Et vous l'aimez de si bon cœur, comme si elle était votre sœur ! Pourtant l'affaire est mal partie, car elle est grande et vous petit, il vous faut monter sur une échelle, si elle ne se couche pas de son gré. Par le cœur de Dieu, quand tu y vas, c'est un miracle que tu reviennes de ce cul où tout le monde touille. Si tu n'étais que bite et couilles, de la croupe au cul, et des bras aux pieds, la fosse ne serait même pas remplie. C'est le gouffre de Satan, où l'on se noie quand on y entre. Je n'en dirai pas plus. Certes, il n'aurait pas été convenable pour un reclus, un moine ou un prêtre, de ne pas avoir dit ce qui est vrai. » | 13032 13036 13040 13044 13048 13052 13056 13060 13064 13068 13072 13076 13080 13084 13088 13092 13096 13100 13104 13108 13112 13116 13120 13124 13128 13132 13136 13140 13144 13148 13152 13156 13160 13164 13168 13172 13176 13180 | Qui plus ne s'i volt demorer. Renart conmença a chastier Et durement a laidengier : « Fel rous, fel Diex, fel deceüz, Tant par es ore mescreüz Q'as a Hersent t'amor donee, A une vielle espoitronnee Qui ne puet mes sor piez tenir. Tu la puez bien trop maintenir. Lai la tant con li jeus est biaux ; Ce est .I. deable, .I. corbiaux, C'est une vielle barbelee Qui porté a verge pelee, Espoir plus de .IIIIXX. anz Ou plus ou mains, je ne sai qanz. Mes itant sai ge bien de voir Et tu si deüsses savoir Qu'il n'a jusqu'a la mer Betee Garçon qui ne l'ait garçonnee. Ha ! quel soulaz, quel compaingnie ! Trop est vielle sa puterie : Ele a entor le cul plus fronces Qu'en .I. arpent de bois n'a ronces. Chaitif, mout par devroies fondre : Ja te porroit ele repondre En la pel qui au cul li pent. Fai toi confés, si te repent De cel pechié et de tout autre. Va t'en en Grece ou en terre autre, En Escoce ou en Engleterre, El ne t'ira gueres loing querre, Ainz t'avra tost mis en oubli. Se tu estoies a Chambli, Ele iroit ainz a Ronqueroles Por que les voies fussent moles ; Ne t'iroit ele ja veoir, Tout jors i porrïez seoir. Ançois querroit .I. grant tafur Qui le vit aroit gros et dur, Dont el feroit tenter sa plaie En lieu de tente et de naie, Mes el ne trove si grant tente, Puis qu'ele est enz, que ja la sente, Ne que ce estoit uns noiens. La plaie qu'ele a dedens Li fu trop ferue en parfont ; Les plaies que chevaliers font Ont viax a tot le mains .II. chiés, Si n'est pas si granz li meschiés Que l'en puet veoir et cerchier. Mes ci n'ose nus atouchier Par oignement ne par poison Des que les tentes n'ont foison, Si i met on por noient painne, La plaie n'en ert ouan sainne. Nus ne porroit la plaie estraindre, Puis qu'en ne puet au fons ataindre. Ele a tout jors le cul baé ; En mains d'eve a l'en gaé .I. palefroi a .IIII. piez ; De .IIII. soudees d'oint viez Ne seroient les fronces plaines Que la vielle a entre .II. ainnes ; Ele a plus cous de coille eüz Qu'il n'a de foilles en .C. seuz En esté quant plus drues sont. Diex ! quex devise dont tuit ont ! Hersent n'a mes dent en la gole ; Cele a plus fet mal tote sole Que toutes les putains du mont : Hersent si poile, Hersent tont, Hersent escorche, Hersent plome. Par les sains Dieu, ce est la some, A droit a non Hersent la love, Qar c'est cele qui les maus cove ; Onques Renart ne sot noient, De nul barat envers Hersent. Qui saroit donc, se Hersent non ? Des le tens au roi Pharaon A ele mené tel mestier. En tot le mont n'a pas mortier De dur lyoïs ne de coivre, Por qoi eüst autretant cuivre, Ne c'on i eüst tant batu, C'on n'eüst le fons abatu, Ou ne fust abatu encoste. L'en met en icelui et oste, Ne voil que il soit ja oiseus, De Morenci jusque a Puiseus Ne troveroit on tant d'estopes, Qar tant i fierent et i boutent. Tant n'i puet on bouter ne trere Que ja a lendemain i pere Tot est perdu quant c'on i met, Qar la vielle set trop d'abet. Par le cuer bieu, q'as tu, a certes ? Veus tu eschaces jambereces Ou tu i montes a degré ? Ele se couche de son gré ; Por le cuer bieu, c'est la fontaingne Qui tot jors sort, tot jors est plainne. Auques set ele de barat, Quant ele a pris au cul Renart, Celui qui tot le mont deçoit, Tout le siecle le set et voit. Miex conchie ne sai je nul Que celui qui est pris au cul ; Qui cul prent, il est conchïez, Et s'il le rent, il est chïez. C'est merveille se il le tient ; Ou il le lait ou il le tient, Il i aroit mout vilain mot ; Et si l'en tendroit l'en a sot. Renart, faites une autre amie Qui plus sache de cortoisie, Et qui soit .I. pou plus janete ; Bone chose ert et honeste. Acointiez vos par .I. matin De cortoise fame Belin Qui est grasse et bele et tendre. Illeques se feroit bon prendre ; Ele n'est pas mesaaisie Ainz est sage et bien ensaingnie. La doit l'en aler et venir Ou l'en puet sovent avenir. Mes a Hersent la male vielle Qui touz les max fait et esveille, Une grant vielle a cul peteus Dont trestuit li mastin roigneus ! El mont n'a chien qui foutre voille Que ele n'atraie et acueille ; Et vos l'amez de si bon cuer Conme s'ele fust vostre suer. De tant est mal li gieus partiz ; Que ele est granz et vos petiz, Il estuet monter a degré S'el ne se couche de son gré. Par le cuer bieu, quant tu i viens, C'est merveille que tu reviens Du cul ou tout le mont tooille. Se tout estoies vit et coille, Et cul et croupe, et braz et piez, Ne seroit pas bien plains li biez. C'est le goufre de Saternie : Que quant qui i entre s'i nie. Je n'en diroie mie plus, Qar ce n'afiert mie a reclus, Ne a moine ne a provoire, S'il ne dit chose qui est voire. » |
13046.........voire
RépondreSupprimer13081.........pouvoir
13110........dès
13124.........dès
13046.........voire
RépondreSupprimer13081.........pouvoir
13110.........dès
131124........dès