mercredi 29 août 2012

Le siège de Maupertuis - Hermeline sauve Renart




Ysengrin dit : « Vil traître,
D


ist Ysengrin : « Cuivert traïtres,
qu'est-ce que vous dites là ?
Vous nous avez dit tant de mensonges !
Que de tours vous nous avez joués !
Ça ferait de vous une bien belle personne
si vous étiez maintenant revêtu d'une gonne.
Que Dieu refuse au roi tout honneur,
si celui-ci ne vous pend pas de façon déshonorante
ou s'il vous prend sous sa protection,
car seule la mort doit être votre rétribution.
Celui qui vous donnerait quelque répit avant de mourir,
jamais plus je ne pourrais l'aimer,
car celui qui empêche de pendre un larron,
je le hais pour toujours, lui et sa lignée. »
Renart lui répond : « Seigneur Ysengrin,
c'est donc là votre avis,
mais Dieu est toujours là où il se doit
pour celui qui est puni sans avoir péché. »
Le roi dit alors : « Pensez donc à le pendre,
car je ne veux pas attendre plus longtemps. »
Il aurait été pendu, quoi qu'on en dise,
quand le roi se met à regarder en aval vers la plaine,
et aperçoit une grande chevauchée,
où de nombreuses dames semblent contrariées.
Il y a aussi la femme Renart
qui vient en courant par un essart.
Elle arrive vraiment très rapidement,
s'abandonnant à une extraordinaire douleur.
Ses trois fils aussi ne sont pas en reste,
comparé à ce que les autres font :
ils se tordent les mains, déchirent leurs habits,
tirent et arrachent leurs cheveux.
Ils font un tel bruit et poussent de tels cris,
qu'on pourrait les entendre à une lieue.
Ils ne viennent pas de façon très convenable,
mais arrivent très rapidement.
Ils amènent avec eux, pour récupérer Renart,
un bête de somme toute chargée de biens.
Avant même que ce dernier ait dit sa confession,
ils fendent la foule,
arrivent dans un grand désordre
et tombent aux pieds du roi.
La dame s'avance davantage
et s'élance devant tous les autres :
« Sire, pitié pour mon seigneur,
au nom de Dieu, le vrai créateur !
Je vous donnerai toute cette fortune
si vous êtes disposé à lui faire grâce. »
Le roi regarde le grand trésor
d'argent et d'or qui est devant lui,
il est fort désireux de l'avoir :
« Madame, fait-il, malgré la confiance que je vous dois,
Renart a trop mal agi envers moi,
et fait tant de vilaines choses à mes hommes,
que je ne puis faire la paix,
on doit pour cela faire justice.
Quand on ne s'amende pas de ses méfaits,
on mérite bien d'être pendu.
Ce que me disent tous mes barons :
c'est que je fasse pendre ce larron.
Alors vraiment, si je ne veux pas leur mentir,
il sera bientôt livré au supplice.
— Sire, au nom de Dieu en qui vous croyez,
pardonnez-lui pour cette fois. »
Le roi répond : « Devant Dieu
je lui pardonne, mais uniquement par regard pour votre amour. »
Et il ajoute : « Ainsi, il va vous être rendu,
mais au premier forfait il sera pendu.
— Sire, fait-elle, j'y consens,
je ne réclamerai jamais rien d'autre. »
On le détache aussitôt.
Le roi le fait venir à lui,
et il y va joyeux et content,
par petits bonds, en tout hâte.
« Renart, fait-il, prenez garde désormais.
Vous vous en tirez à bon compte,
mais la prochaine fois que vous faites du mal,
vous reviendrez ici même.
— Sire, fait-il, que Dieu me garde
de le faire et qu'on me pende. »
Il fait une grande joie à sa famille
qui est toute en émoi devant lui,
il embrasse l'un et serre l'autre dans les bras,
rien désormais ne semble lui faire autant plaisir.


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Ce que est ore que vos dites ?
Tante guile nos avez faite,
Quel treslue nos avez traite !
En vos avroit bele persone
S'avïez or vestue gonne.
Ja Diex ne dont le roi honnor,
S'il ne vos pent a desennor
Et se il vos en aseüre ;
Car la mort est vostre droiture.
Qui de mort vos respiteroit,
Ja mes mes cuers ne l'ameroit ;
Qar qui larron de pendre areste,
Tot jors het et lui et sa jeste. »
Ce dist Renart : « Sire Ysengrin,
Or seront vostre li chemin ;
Encore est Diex la ou il seut,
Car tel ne peche qui enquert. »
Li rois lor dist : « Pensez del pendre,
Que je ne voil mes plus atendre. »
Ja fust penduz, qui que s'en plaingne,
Quant li rois garde a val la plaingne
Et voit une grant chevauchie
Ou mainte dame avoit irie ;
Si i ert la fame Renart,
Qui vint corant par .I. essart.
Mout par venoit hastivement,
Merveilleus duel vet demenant,
Et si .III. filz ne se tarjoient
A ce que li autre fesoient ;
Lor poins detordent et descirent,
Lor cheveus rompent et detirent.
Tel noise font et tel crïee
C'on les oïst d'une louee.
Ne viennent pas trop belement,
Ainz viennent mout isnelement ;
S'amainnent, por Renart avoir,
.I. somier tot chargié d'avoir.
Ançois qu'il ait dit sa confesse,
Ont il derompue la presse,
Qu'il venoient par grant desroi
Et sont chaüz as piez le roi.
La dame s'est tant avancie
Que par devant toz s'est lancie :
« Sire, merci de mon seignor
Por Dieu le verai criator !
Je te donrai tot cest avoir
Se de li veus merci avoir. »
Li rois choisi le grant tresor
Qu'est devant li d'argent et d'or ;
De l'avoir fu mout covoitous :
« Dame, fait il, foi que doi vous,
Renart a trop vers moi mesfet
Et a mes honmes trop grant let
Que je n'en porroie pes fere,
Por ce en doit on justice fere ;
Quant de son mesfet ne s'amende,
Bien a deservi qu'en le pende.
Ce me dient tuit mi baron
Que face pendre le larron
Et por voir, se je ne lor ment,
Par tens ert livrez a torment.
— Sire, por Dieu en cui tu croiz,
Pardonne li a ceste foiz. »
Li rois respont : « En Dieu amor,
Je li pardon por vostre amor. »
Et dist : « Par tel vos ert renduz
Q'au premier forfet ert penduz.
— Sire, fet ele, je l'otroi,
Ja n'i sera requis par moi. »
Tantost le firent desbender.
Li rois le fist a lui aler
Et il i vint joianz et liez,
Les menuz sauz, toz eslessiez.
« Renart, fet il, gardez vos mes.
De ci avez or bone pes,
Mes quant vos remesferez primes,
Vos revendrez a ce meïsmes.
— Sire, fet il, Diex m'en desfende
Que je ja face c'on me pende. »
Grant joie fet a sa mesnie
Qui devant li ert esmaïe ;
Li .I. bese et l'autre embrace,
Ne vit mes hui riens tant li place.
Comment Renart trompa Brun l'ours avec le miel Si conme Renart conchia Brun li ours du miel (10)
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