samedi 28 mai 2011

À la cour du roi Noble - Les paysans attaquent




Renart répond : « En vérité, je n'ai jamais fait ça,
R


enart respont : « Voir, non fis onques,
au contraire, je suis tombé. Mais dites moi donc,
pourquoi n'avez-vous pas bondi dehors,
alors que vous mangiez des gros morceaux ?
Dites à Brichemer que je reste là.
Je ne peux plus faire mon serment,
car tous ces paysans nous pourchassent,
j'entends d'ici qu'ils nous menacent.
Allez-vous en, Brun, très cher seigneur,
vous avez bien besoin d'un médecin.
Gardez-vous de tarder plus,
j'ai pour vous une grande pitié. »
Brun écoute Renart, et ne sait que dire,
peu s'en faut qu'il n'enrage de colère.
Tandis que Renart et Brun parlementent,
les paysans coupent du bois
pour faire des bâtons et des massues.
Brun regarde du côté des allées
et voit l'arrière-ban venir.
Ils menacent sérieusement de le saisir.
« Tibert, dit Brun, c'est le moment d'y aller,
ou nous pourrions avoir à séjourner trop ici. »
Alors ils s'en vont, et Renart reste.
Il a souvent manqué de plus grands engagements.
Ils s'enfuient jusqu'au corps de troupes,
mais les paysans rappliquent vite.
Quand Brichemer voit l'ours saigner,
il se met alors à se signer.
L'ours n'a même plus ses oreilles,
la cour toute entière s'en étonne,
et Tibert n'a plus de queue !
Ce pays a donc le mauvais œil.
Pendant que Brun fait ses complaintes,
voici venir à travers la plaine
seigneur Gombert tout plein de rage,
qui se tord les mains, et s'arrache les cheveux.
Plus d'une centaine de parents
qui ont tous dit et promis
que jamais ils ne s'arrêteront
avant d'avoir trouvé Brun,
menacent seigneur Tibert et maître Renart
de les pendre à une corde.
À ces paroles, et sur ces mots,
voici que s'approche Gombert, plus vite qu'au trot,
avec ses parents et ses amis.
Alors Brun se remet en route
car il redoute énormément les coups des paysans.
C'est le fils Gilain qui l'a pris,
avec Aimery de la Ruelle,
Fernery Vidécuelle,
Tigier Brisefouace,
et Heudebert, qui vit sur la glace,
qui d'ailleurs a battu la peau de Tibert,
ce dont Renart fut bien content.
Puis tous les animaux s'enfuient,
car les paysans leur crient après,
lancent des flèches barbelées
longues et larges, en grand nombre.
L'une d'elles tombe sur Brichemer,
qui aurait encore préféré être dans la mer.
Une autre tombe sur Ronel,
qui bondit vite fait sur ses pattes.
Il faisait le mort pour tromper
Renart le roux qu'il voulait manger.
Il s'était fait passer pour un saint,
mais Renart le fera trembler
ainsi que tous les autres traîtres,
en dépit de Tibert et seigneur Brun l'ours.
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Ançois chaï, or dites donques,
Que ne saillistes vos ça fors,
Quant vos mengïez les granz mors ?
Dites Brichemer, je li mant,
Ne puis fere mon serement,
Que cil vilain toz nos dechacent,
Je oi deci qu'il nos menacent.
Alez vos ent, Brun, biaus doz sire,
Vos avez bien mestier de mire.
Gardez ne soit plus respitié,
Je ai de vos mout grant pitié. »
Bruns ot Renart, ne set que dire,
Par poi que il n'esrage d'ire.
Que que Renart et Brun parloient,
Et li vilain le bois coupoient
Por fere bastons et maçues.
Brun regarde devers les rues
Et voit l'ariere-ban venir.
Mout le menacent a tenir.
« Tybert, dist Bruns, or de l'aler,
Trop i porrions demorer. »
Or s'en vont cil, Renart remaint,
Plus grant covent a il faint maint.
Cil s'en fuient trusques a l'ost,
Et li vilain retornent tost.
 Quant Brichemer vit l'ors seignier,
Si se conmença a seignier,
Et il n'aporte nule oreille,
Trestote la cort s'en merveille,
Et Tybert qui n'a point de queue,
Or va la terre male veue.
Que que Bruns fesoit ses complains,
A tant es vos par mi les plains
Sire Gonberz toz plains de rage,
Ses poinz detort, ses cheveus sache,
Et plus d'un .C. du parenté
Qui tuit ont dit et greanté
Que ja mes jor ne fineront
Devant que Brun trouvé avront,
Et dant Tybert et dant Renart
Menacent que pendront a hart.
A ces paroles, a cest mot,
Es vos Gonbert plus que le trot,
Et ses parenz et ses amis.
Et Brun s'est a la voie mis
Qui mout doute coup de vilain.
Tenu l'avoit le filz Gilain,
Et Aymeris de la Ruele,
Et Ferneris Vide-escuele,
Il et Tygiers Brisefouace,
Et Houdeberz qui siet sor glace,
Qui Tybert ot batu la pel,
Dont Renart fu et bon et bel.
Por ce ensemble tuit s'en fuient,
Et li vilain aprés les huient,
Traient saietes barbelees
Menuement et granz et lees.
Li une chiet sor Brichemer,
Miex vosist estre dedenz mer.
Li autre chiet sor Roonel,
Et il saut sus tost et isnel.
Mort se fesoit por engingnier,
Renart le rous voloit mengier.
Il se fera saint apeler,
Mes Renart le fera trembler
Et toz les autres traïtors
Mau gré Tybert et dant Brun l'ors.
Comment Ysengrin alla se plaindre de Renart à la cour du roi Si conme Ysangrin s'ala plaindre de Renart a la cort le roi (9)
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