sur son rêve comme je viens de vous l'exposer, il dit : « Pinte, vous êtes complètement folle, vous avez tenu des propos insensés. Vous croyez que je puisse être surpris, que la bête est dans l'enclos, et qu'elle s'emparera de moi par force ? Maudit soit cinq cents fois celui qui verra ça ! Vous ne m'avez rien dit qui me soit utile. Je ne crois pas qu'il m'arrivera du mal, ni qu'un tel songe me porte malheur. — Seigneur, fait-elle, que Dieu vous l'accorde ! Mais s'il n'en est pas ainsi que je vous l'ai dit, je vous promets sans conteste de ne plus être votre amie. — Belle, dit-il, ce n'est pas du tout cela, mais ce songe tourne au ridicule. » Sur ces mots, il s'en retourne sur son tas de poussière au soleil. Il commence à cligner de l'œil, sans s'inquiéter qu'un goupil s'en prenne à lui. Mais Renart, qui en a dupé plus d'un, aussitôt qu'il entend du bruit, baisse la tête et se tient coi. Chantecler se sent en sûreté. Renart est très calme et étonnamment avisé. Quand il voit que celui-ci sommeille, il s'approche de lui sans retard. Renart, qui trompe tout son monde et qui joue tant de mauvais tours, avance pas à pas, sans se hâter, la tête baissée. Si Chantecler reste là jusqu'à ce qu'il puisse le tenir entre ses dents, il lui fera sentir son insouciance. Quand Renart voit Chantecler à sa portée, il cherche s'il peut le happer. Puis Renart, qui est leste, bondit, mais Chantecler saute de côté. Il avait vu Renart, et l'avait bien reconnu. Il s'arrête sur un tas de fumier. Quand Renart se rend compte qu'il l'a raté il en est fort marri. Alors il commence à se demander comment il pourra tromper Chantecler, car s'il fait encore un mouvement, il perdra sa proie. « Maître Chantecler, lui dit Renart, ne fuyez pas, n'ayez aucune crainte. Je suis très content que vous soyez en forme, car vous êtes mon cousin germain. » Chantecler se sent alors rassuré et de joie, entame une chanson. Renart dit à son cousin : « Te souviens-tu encore de Chanteclin, le bon père qui t'a engendré ? Jamais un coq n'a aussi bien chanté, avec une voix si forte et un ton si clair qu'on l'entendait à une lieue. Et il chantait d'un seul souffle, les yeux clos et la voix sûre. On l'entendait d'une bonne lieue quand il chantait son refrain. » | 1444 1448 1452 1456 1460 1464 1468 1472 1476 1480 1484 1488 1492 1496 1500 1504 | Del songe que ge vos espons : « Pinte, fait il, mout par es fole, Mout as dite fole parole. Cuidiez que je soie sorpris Et que la beste est el porpris Qui par force me conquerra ? Dahez ait .VC. quel verra ! Ne m'as dit riens ou ge gaaingne, Je ne croi mie mal me viengne, Ja n'avré mal por itel songe. — Sire, fet ele, Diex le donge ! Mes s'ainsi n'est con je ai dit, Je vos otroi sanz contredit Que ne soie mes vostre amie. — Bele, fet il, ce n'i a mie, A fable ert le songe tornez. » A cest mot s'en estoit tornez En la poudriere au souleil, Et conmença a cliner l'oil, Ne doute que gorpil s'i mete. Mes Renart qui le siecle abete, Si tost con il oï la noise, Besse la teste si s'acoise. Chantecler s'est aseürez, Mout fu Renart amesurez Et vesïez a grant merveille. Et quant il voit que cil sonmeille, De lui s'aprime sanz demeure Renart qui tot le mont aqeure Et qui mout sot de mauvés tors. Pas avant autre sanz escors, S'en va Renart le col bessant. Se Chantecler par atent tant Qu'il le puisse as denz tenir, Il li fera son gieu puïr. Quant Renart choisi Chantecler, Il le vodra, s'il puet, haper. Renart sailli qui est legiers, Et Chantecler saut a travers, Renart choisi, bien le connut, Desor .I. fumier s'arestut. Quant Renart vit qu'il ot failli, Si en fu mout forment marri. Lors se conmence a porpenser Conment il porra Chantecler Engingnier, quar s'el se remue Dont a il sa proie perdue. « Dant Chantecler, ce dit Renart, Ne fuiez pas, n'aiez regart. Mout par sui liez quant tu es sains, Que tu es mes cosins germains. » Chantecler lors s'aseüra, De la joie .I. sonet chanta. Ce dit Renart a son cosin : « Membre vos mes de Chanteclin, Le bon pere qui t'engendra ? Onques nus cos si ne chanta : Tele voiz ot et si cler ton Que d'une lieue l'ooit on, Et mout chantoit a longue alaine, Les .II. eulz clos et la voiz saine. D'une grant lieue l'en l'ooit Quant il chantoit et refrenoit. » |
Bravo! Très dur travail de tout avoir traduis.
RépondreSupprimerJ'AIME BIEN
RépondreSupprimerOui et en plus j'en avait besoin pour une rédaction merci bcp !!!!!
RépondreSupprimer