ils le chargent dans la charrette, puis se mettent en route. L'un et l'autre s'en font une grande joie, ils se disent déjà ce qu'ils feront de lui, et que ce soir dans leur maison ils lui retourneront le paletot. Ce ne sont là que des bavardages et cela fait sourire Renart, car il y a loin entre le dire et le faire. Il se couche à plat ventre sur les paniers; puis en ouvre un avec ses dents, et, sachez le bien, il en retire plus de trente harengs. Il vide presque le panier car il les mange très volontiers. Il ne réclame ni sel ni sauge, et plutôt que de s'en aller il va jeter son hameçon ailleurs, sans la moindre hésitation. Il s'attaque à l'autre panier, il y met son museau, et ne manque pas d'en extraire des anguilles. Renart qui connaît tant de tours, met trois chapelets autour de son cou. Pour ce faire, Renart ne fait pas le sot : il passe son cou et sa tête au travers des chapelets, et les arrange sur son dos pour qu'il soit bien couvert. Désormais il peut abandonner l'entreprise. Il lui faut maintenant chercher un moyen pour redescendre à terre. Il ne trouve ni planche ni marchepied. Il s'agenouille tout exprès pour examiner à son gré comment il peut sauter par terre. Alors il s'avance un petit peu et se lance les pattes en avant de la charrette sur le milieu du chemin. Il emporte son butin autour de son cou. | 788 792 796 800 804 808 812 816 820 824 | En la charete l'ont chargié, Et puis se sont mis a la voie. Li un a l'autre en font grant joie, Et dient ja n'en feront el, Mes enquenuit a lor ostel Li reverseront la gonnele. Or ont il auques la favele, Mes Renart n'en fet que sourire, Que mout a entre fere et dire. Sor les paniers se gist adenz, Si en a .I. overt as denz, Et si en a, bien le sachiez, Plus de .XXX. harenz sachiez. Auques fu vuidiez li paniers, Qu'il en menja mout volentiers : Onques n'i quist ne sel ne sauge. Encor ançois que il s'en auge, Getera il son ameçon, Il n'en ert mie en soupeçon. L'autre panier a asailli, Son groing i mist, n'a pas failli Qu'il n'en traisist fors des anguilles. Renart qui sot de tantes guiles, .III. hardiaus mist entor son col. De ce ne fist il pas que fol : Son col et sa teste passe outre, Les hardeillons mout bien acoutre Desor son dos que bien s'en covre. Des or puet il bien lessier ovre, Or li estuet enging porquerre Conment il vendra jus a terre. N'i trove planche ne degré. Agenoilliez s'est tot de gré Por esgarder a son plaisir Conment il puisse jus saillir. Lors s'est .I. petit avanciez, Des piez devant s'estoit lanciez De la charete en mi la voie, Entor son col porte sa proie. |
Il y a plus de descriptions que mon texte à moi.
RépondreSupprimer[commentaire déposé le 8 novembre 2009]
moi je ne comprends pas l'expression "sans reclamer ni sel ni sauge"
RépondreSupprimerEst-ce tout le passage ou une seule partie ?
RépondreSupprimerC'est une partie seulement, il y a trois épisodes en tout, un précédent et un suivant.
Supprimerj'ai bien aimée cette partie elle est plutot pas mal
RépondreSupprimer