mardi 21 avril 2009

Renart et Hersent - Le flirt




Quand Hersent entent la nouvelle,
Q


uant Hersent entent la novele,
elle brûle de colère et en est couverte de sueur :
« Comment, dit-elle, seigneur Renart,
est-ce donc les propos tenus ?
Vraiment, je suis soupçonnée à tort.
Tel s'imagine venger sa honte
qui accroît grandement son embarras.
Je n'ai pas de honte à le dire maintenant :
je n'ai jamais pensé du mal de vous.
Mais à cause de ce qui a été clamé,
je tiens fermement à ce que vous m'aimiez.
Revenez donc souvent auprès de moi,
et je vous tiendrai pour ami.
Prenez-moi dans les bras, embrassez-moi donc,
soyez tranquille maintenant,
il n'y a personne ici qui puisse nous accuser. »
Renart en manifeste une grande joie,
il s'approche puis l'embrasse.
Hersent à qui ce jeu plaît beaucoup,
lève la cuisse.
Puis Renart sort de la tour,
car il craint qu'Ysengrin ne vienne,
et redoute fort qu'il ne l'y surprenne.
Néanmoins avant de sortir,
il va vers les louveteaux et leur pisse dessus.
Après les avoir arrangés ainsi
et leur avoir tout pris et tout mangé,
il jette dehors tout ce qu'il trouve,
toute la viande, vieille ou fraîche.
Puis il les fait tomber de leurs lits,
il les injurie et les bat bien fort
comme si il était leur maître.
Il les traite de bâtards et d'illégitimes,
sans témoin, comme celui
qui ne craint personne,
à condition que dame Hersent son amie
n'en dévoile rien du tout.
Il laisse les louveteaux en pleurs.
Dame Hersent vient alors vers eux,
elle les caresse et les supplie:
« Les enfants, dit-elle, ne soyez pas
au fond de votre cœur si impitoyables et sots
que votre père en sache un mot.
Il ne doit jamais apprendre
que Renart est venu ici.
— Quoi ? par le diable nous devrions protéger
Renart le roux, que nous haïssons
à mort, que vous avez reçu ici,
avec qui vous avez trompé notre père
qui a confiance en vous ?
Jamais, s'il plaît à Dieu, une telle infamie
où nous avons été tant injuriés
ne restera sans être vengé. »

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De mautalent tressue et art.
« Conment, fet el, sire Renart,
Est en dont parole tenue ?
Certes mar i fui mescreüe.
Tel cuide sa honte vengier,
Qui acroist son grant encombrier.
Ne m'est or pas honte nel die,
Onques n'i pensai vilanie.
Mes por ce qu'il s'en est clamez,
Voil ge certes que vos m'amez,
Si revenez sovent a mi,
Et ge vos tendré por ami.
Acolez moi, si me besiez.
Or en estes bien eesiez :
Ci n'a qui encuser nos doie. »
Renart en demainne grant joie
Et vient avant si l'a besie.
Hersent a la cuisse haucie,
A qui mout plesoit cel ator.
Et Renart s'en ist de la tor,
Qui crient que Ysengrin ne viengne,
Et mout doute qu'il n'i sorviengne.
Mes neporquant ainz qu'il s'en isse,
Vient as loviaus, si les compisse
Si con il erent arengié,
Si a tout pris et tot mengié,
Et gete fors quant qu'il i trouve,
Tote la viez char et la nove.
Ses a de lor lis abatuz
Et laidengiez et bien batuz,
Autresi con s'il fust lor mestres.
Ses clainme avostre et filastres
Priveement conme celui
Qui ne se doute de nului
Fors que dame Hersent s'amie
Qui ne l'en descoverra mie.
Les loviax a lessiez plorant.
Dame Hersent lor vint devant,
Si les a blandiz et proiez :
« Enfanz, dist ele, ne soiez
En vostre cuer si fel ne sot
Que vostre pere en sache mot,
Ne ja ne li soit conneü
Que Renart soit çaiens venu.
— Qu'est ? deable, nos celerons
Renart le rous, que tant haons
De mort, qu'avez ci receü
Et nostre pere deceü,
Qui en vos avoit sa fiance ?
Ja, se Dieu plest, tele viltance
Dont nos somes si laidengié
Ne remaindra ne soit vengié. »
Les exploits de jeunesse de Renart Les enfances Renart (1)
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