(qu'il soit béni de Dieu celui qui l'y a fait mettre !) comment Dieu chasse hors du paradis Adam et Ève parce qu'ils ont transgressé ce qu'il leur a ordonné. Pris de pitié, il leur donne alors une verge, puis leur explique que lorsqu'ils auront besoin de quelque chose, ils frappent dans la mer avec cette verge. Adam tient la verge dans sa main, et frappe dans la mer devant Ève. Aussitôt après avoir frappé dans la mer, une brebis en jaillit. Adam dit alors : « Madame, prenez cette brebis, puis gardez la; elle vous donnera beaucoup de lait et de fromage. Nous en tirerons suffisamment de nourriture. » Ève pense au fond du cœur que si elle en avait encore une, plus belle serait la compagnie. Elle saisit aussitôt la verge, et frappe rudement dans la mer : un loup en jaillit qui prend la brebis, et s'en va fuyant à grande allure au grand galop dans le bois. Quand Ève voit qu'elle a perdu sa brebis et qu'elle ne peut être secourue, elle se lamente et crie fortement : « Ah ! Ah ! » Adam reprend la verge, il frappe de colère dans la mer : un chien en jaillit hâtivement. Quand il voit le loup, il court d'un trait vers la brebis qu'il veut délivrer. Il la réclame : avec beaucoup de mauvaise grâce le loup lui laisse là la brebis; mais il ferait bien de même demain s'il la tenait en un bois ou une plaine. Puisque le loup a perdu, il s'enfuit dans le bois tout honteux. |
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— Bien ait de Dieu qui l'i fist metre ! — Come Diex ot de paradis Et Adam et Evam fors mis Por ce qu'il orent trespassé Ce qu'il lor avoit conmandé. Pitiez l'en prist, si lor donna Une verge, si lor mostra Quant il de riens mestier avroient, De cele verge en mer ferroient. Adam tint la verge en sa main, En mer feri devant Evain. Si tost con en la mer feri, Une brebiz fors en sailli. Lors dist Adam : « Dame, prenez Ceste brebiz, si la gardez : Tant vos donra let et fronmage. Assez i avrons compenage. » Evain en son cuer porpensoit Que s'ele encor une en avoit, Plus bele estroit la compaingnie. Ele a la verge tost saisie, En la mer feri roidement : .I. leus en saut, la brebiz prent. Grant aleüre et grant galos, S'en va li leus fuiant au bos. Quant Eve vit qu'ele a perdue Sa brebiz, s'ele n'a aüe, Bret et crie forment : « Ha ! ha ! » Adam la verge reprise a, En la mer fiert par mautalent : .I. chien en saut hastivement. Qu'il voit le leu, si lesse corre Por la brebiz qu'il velt rescorre. Il li resquest : mout a enviz La laisse li leus la brebiz ; Si feroit il encor demain, S'il la tenoit a bois n'a plain. Por ce que mesfet ot li leus, Au bois s'en foui tot honteus. |
1. s'ele n'a aïue : si elle n'a pas d'aide; si personne ne vient à son aide; pour une fois le "s" introduit une condition.
RépondreSupprimer2. bret ne vient pas du verbe brester, mais du verbe brere, se lamenter; emploi qui subsiste dans le français du nord
3. Ok pour nourriture.
Une remarque sur "assez": lat. ad satis: à comprendre, au départ comme "à satiété". Je préférerais "nous en tirerons de la nourriture à suffisance".
C'est la même difficulté pour genug en allemand: on ne doit pas traduire Ich habe genug par "j'en ai assez", mais par "je suis comblé".
4. lesse corre: il "laisse courir"; terme d'équitation; il lâche la bride, il court à bride abattue.
[commentaire déposé le 15 avril 2009]
Merci pour votre commentaire. Toutes vos remarques ont été prises en compte.
RépondreSupprimer[commentaire déposé le 16 avril 2009]
:)j'adore se livre il est super cool
RépondreSupprimertrop bien :) au debut je le troouvé :( puis je l'est adoré
v.53
RépondreSupprimerAussitôt après avoir frappé dans la mer,
Et pas frapper :)
Merci d'avoir signalé la faute, c'est corrigé.
SupprimerQui est cet "Aucupre" à qui il est fait référence? Merci encore pour ce magnifique travail!!!
RépondreSupprimerAucupre est un nom commun qui désigne un livre de la chasse aux oiseaux, voir la définition complète de Aucupre. Il semble pourtant être utilisé comme un nom propre dans le roman de Renart.
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