dimanche 23 juillet 2017

Renart médecin - À la recherche de l'herbe guérisseuse




Grimbert s'en va sans rajouter un mot,
G


rimbert s'en va, ne volt plus dire.
quant à Renart, il reste, non-mécontent
de la façon dont il a fait payer
ceux qu'on lui a envoyés
avec une missive du roi,
mais, qu'il le veuille ou non,
il devra s'en justifier.
Le lendemain matin, avant de quitter
son enceinte, il rassemble
tous les siens, et leur commande
de bien garder le château,
d'empêcher quiconque d'y faire des dégâts,
de ne laisser personne y mettre les pieds
pour les espionner,
car ce serait dangereux.
« Seigneur, lui répond le sénéchal,
n'ayez aucune crainte,
nous ne laisserons entrer
ni homme ni femme sous aucun prétexte. »
Une fois la porte refermée,
ils remontent sur la tour,
tandis que Renart part sans plus attendre
au galop à travers la lande.
Il supplie Dieu ardemment
de lui donner, par pitié, quelque chose
pour aider le roi à retrouver la santé.
Tout le long du chemin, Renart
implore Dieu et saint Martin
de lui envoyer
de quoi guérir seigneur Noble,
car il en a grand-besoin.
Malgré ça, il voyage toute la journée
sans rien trouver
qui puisse faire l'affaire.
Il finit par entrer dans un pré,
la faim au ventre après avoir tant erré,
il est complètement découragé
par la journée qu'il vient de passer.
Quand il voit que la nuit approche,
il s'installe dans le pré plutôt que de continuer.
Puis, la nuit tombe sur la prairie,
et il dort jusqu'aux lueurs de l'aube.
Il se lève à la pointe du jour,
toujours aussi embêté, croyez-le bien,
de n'avoir pu trouver quelque chose
à apporter au roi
pour le guérir.
Il prie à maintes reprises au cours de la journée.
Après avoir marché toute la matinée,
il approche d'un jardin
où il voit des herbes de toutes sortes,
aussi appréciées que renommées,
car elles sont bonnes pour guérir tous les maux.
Il tourne de ce côté-là,
abandonne son cheval
dans le champ en aval,
et entre dans le verger.
Il retourne aussitôt attacher son cheval
à un arbre par la bride,
et le laisse manger de l'herbe et du foin.
Ensuite, Renart se met en quête
dans le verger, et arrache des herbes
qui se trouvent là en grand nombre.
Il sait bien reconnaître les bonnes,
mieux que je ne saurais dire,
et en récolte l'équivalent d'un bon sceau.
Après les avoir arrachées,
il les rince
dans l'eau qui court
à travers le verger et la cour.
Il les nettoie bien,
les broie entre deux tuilettes,
et remplit complètement le barillet
qu'il avait emmené avec lui.
Puis, il s'en retourne,
attache son barillet
bien solidement à son arçon,
et enfourche son cheval sans plus attendre.
Il s'éloigne du verger,
tout content de lui.
Renart se met au galop
tel un noble baron.
Il entre dans une lande
sans demander son chemin,
car il les connaît tous,
il ne redoute rien.
Il passe de la lande à la forêt,
son terrain favori,
et trouve sous un pin
un pèlerin en train de dormir.
Il est allongé là,
avec une belle aumônière
attachée à sa ceinture.
Renart descend aussitôt de son cheval
bien harnaché, au beau milieu du chemin,
et détache l'aumônière
sans que l'autre ne s'en aperçoive.
Après l'avoir subtilisé, Renart
l'ouvre, et trouve à l'intérieur
une herbe bonne pour soigner les dents,
et suffisamment d'autres
pour guérir le roi.
Il y trouve aussi de l’ellébore,
que beaucoup utilisent,
car elle est bonne pour revigorer
et faire tomber la fièvre.
Renart repère, sous la tête du pèlerin,
son esclavine
qui lui plaît beaucoup,
alors, il la prend sans autre forme de procès,
et l'enfile aussitôt.
Il retourne vers son cheval, le monte,
part à l'amble,
et traverse la forêt à grande allure.
Après avoir bien galopé,
il finit par arriver à la cour.
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Renart remest qui fu sanz ire
De ce qu'il a si bien paiez
Ceus qui li furent envoiez
De par le roi a tout les briés,
Mes qui soit bel ne qui soit griés,
Il s'en escondira, s'il puet.
A l'endemain par matin muet
De sa cort, mes ançois il mande
Sa mesniee, si lor conmande
Qu'il gardent son chastel tres bien
Que nus n'i mesface de rien.
N'i lessent hons metre le pié
Que il ne soient espïé
D'aucun honme, ce seroit max.
« Sire, ce dist li seneschaus,
De ce ne vos estuet douter,
Que ja home ne fame entrer
N'i lesseront por nule chose. »
Maintenant ont la porte close,
Si s'en monterent en la tor,
Et Renart s'en va sanz demor
Par mi la lande esperonnant.
Durement va Dieu reclamant
Que il li dont par sa pité
Chose dont li rois ait santé.
 Renart s'en vet tout son chemin,
Mout prie Dieu et saint Martin
Que tele chose li envoit
De quoi dant Noble guariz soit
Que mout en a grant desirrer.
Toute jor prent a cheminer,
Ne puet nule chose trover
Ou il se puist de riens fïer.
Tant a erré qu'en .I. pré entre,
De l'errer li doloit le ventre,
Et d'autre part mout se deshaite
De la jornee qu'il a faite.
Vit la nuit qui de pres le suit,
Es prez descent, avant ne fuit.
La nuit jut en la praierie
Tant que l'aube fu esclarcie.
Quant le jor parut, si se lieve,
Et bien sachiez que mout li grieve
Quant il ne pot chose trover
Qu'avec lui en peüst porter
Por donner au roi garison.
Le jor en fist mainte oroison.
Tant erra Renart cel matin
Qu'il s'adreça vers .I. jardin
Ou il ot herbes de manieres
Qui sont precïeuses et chieres
Et bones por touz max saner.
Cele part se prent a torner,
La resne abandonne au cheval
Par mi la costure d'un val,
Et est entrez enz el vergier.
Son cheval corut atachier
A .I. arbre par mi le frain,
Illuec prist de l'erbe et du fain,
Et Renart conmença a querre
Par le vergier et tret de terre
Herbes dont il i ot assez.
De bonnes en connut assez
Que je dire ne vos savroie,
Plus en quelt de plainne jaloie.
Quant assez en ot esrachies,
Si les a .I. petit moillies
En une fontaingne qui cort
Par le vergier et par la cort,
Si les a faites mout tres netes,
Puis les bat entre .II. tilletes,
Puis en empli .I. barillet
C'avec lui ot mout petitet.
Tantost s'est arier repairié,
Si a son barillet lïé
A son arçon mout fierement
Et monta que plus n'i atent.
Du vergier issi si s'en vet,
Mout durement grant joie fet.
 Renart s'en vet a esperon,
Mout ot en lui noble baron.
Entrez s'en est en une lande,
Voie ne sentier ne demande,
Qar il les savoir mout tres bien ;
Ne l'en estut douter de rien.
De la lande en une forest
Entra qui assez miex li plest.
En la forest desoz .I. pin
Trova dormant .I. pelerin.
Cil pelerins qui la gisoit
Une riche aumosniere avoit
Qui ert lacie en sa corroie.
Renart descent en mi la voie
Mout tost de la mule afeutree,
Si li a l'aumosniere ostee
Si c'onques ne s'en aparçut.
Renart qui ainssi le deçut
L'ovre, si a trové dedenz
Une herbe qui est bonne as denz,
Et herbes i trouva assez
Dont li rois sera respassez.
Aliborum i a trouvé
Que plusors genz ont esprové
Qui est bone por eschaufer
Et pour fievre de cors oster.
Sachiez que mout plot a Renart
L'esclavine de l'autre part
Que il avoit desouz son chief.
Il la prent a cui que soit grief,
Si l'afubla sanz arester
Et va sor son cheval monter,
Puis si se met en l'ambleüre
Par la forest grant aleüre.
Tant a a aler entendu
Qu'il est a la cort descendu.
Comment Renart fut magicien C'est la branche Renart si com il fu mires (29)
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