dimanche 29 novembre 2015

Renart jardinier du roi - La crête du coq




« Sire, vous avez bien réussi
S


ire, bien avez esploitié
à coudre étroitement
ce cuir avec une lanière solide,
le sillon n'est plus aussi grand
ni aussi vilain à regarder.
Voici bien la preuve
que vous avez œuvré avec adresse.
Vous avez fait le début
du con, mais il y a encore à faire
pour que ça ressemble vraiment à un con.
La fosse est grande et profonde,
il n'y en a pas de si laide au monde.
Si quelqu'un regardait dessous
pour examiner l'intérieur,
rien ne devrait l'empêcher
d'en voir le fond
s'il peut effectivement être vu.
Mais ça ne risque pas d'arriver,
sire, car ce n'est ni une vieille marnière,
ni une grande fosse, ni un canal profond,
mais plutôt un abîme,
puisqu'on n'en distingue nullement le fond.
Je ne sais quoi vous dire,
c'est le gouffre de Satan
qui trompe et engloutit tout le monde.
Mais sachez bien que si on prenait
une crête de coq vermeille,
et qu'on l'attachait sur le sillon
que vous avez fait
pour séparer le con du cul,
cela comblerait un peu l'entrée.
Elle ne serait plus alors aussi béante
que cette fosse grande ouverte
que rien ne recouvre,
et que personne n'oserait approcher
de peur de s'y noyer. »
Le roi Noble comprend
que Renart lui donne là un bon conseil.
Il est rudement impressionné
par la manière
dont Renart parvient à imaginer tout cela.
Même s'il y réfléchissait des jours entiers,
il n'en aurait pas l'idée
sans l'aide de Renart.
« Renart, fait-il, tu es vraiment très intelligent.
Je suis convaincu que mon ouvrage
s'en trouvera amélioré si je fais
ce que tu viens de dire.
Mais je ne sais où prendre
cette crête car je n'en ai point,
ni ne sait où en trouver,
car je n'ai jamais vu de coq dans les parages. »
Renart lui répond fort judicieusement :
« Sire, si vous voulez m'en croire,
je peux vous donner un bon conseil.
Ce matin même, en entrant ici,
j'ai vu Chantecler perché dehors
sur la branche d'un pommier,
la tête tournée de ce côté.
Je suis persuadé, sire,
qu'il entrerait volontiers
si quelqu'un lui ouvrait la porte.
— Renart, va de ce pas lui ouvrir,
et s'il veut effectivement venir ici,
assure-toi que rien ne l'empêche
d'entrer de son plein gré. »
Renart bondit aussitôt sur ses pattes,
content comme tout,
car il sait maintenant sans erreur possible
qu'il va tirer vengeance de Chantecler.
Il déverrouille le porte.
Chantecler, croyant son tour arrivé pour plaider,
et voyant la porte s'ouvrir,
n'imagine pas qu'il court à sa perte,
en se jetant sans retenue à l'intérieur,
sans attendre ni confrère ni compagnon.
Quand Renart referme la porte,
le coq comprend aussitôt
qu'il est pris en traître, et quand il voit
Brichemer gisant à terre,
il s'attend à la même chose.
Il sait très bien qu'il ne quittera pas la cour
sans dommage aujourd'hui,
et qu'il n'obtiendra ni paix ni trêve
de Renart, dont le seul vœu
est de lui faire ce procès.
Il a grand-peur de mourir.
Renart, lui, n'est pas tranquille,
car il a peur qu'il lui échappe.
Il irait bien lui donner
une ou deux rations de coups
sur la tête avec un bâton,
car il se méfie beaucoup de tout ce qui vole.
Le roi s'est dressé immédiatement,
et prend Chantecler par la tête :
« Vassal, dit-il, sans autre forme de procès,
je ferai de vous ce qui me plaît
puisque je vous ai sous la main,
et peu importe si cela vous déplaît. »
Renart lui donne un rasoir
avec lequel il lui coupe
sa grande crête dentelée,
qu'il installe le long du con
comme Renart lui a conseillé.
Une fois placée là
avec soin et habileté,
la crête est assez longue et large
pour combler l'entrée.
Vous qui avez vu des cons,
et vous qui vous en occupez,
savez très bien ce que c'est,
les femmes l'appellent le clitoris,
il se trouve au milieu.
Avant, il n'avait pas de nom,
mais depuis, les femmes lui en ont donné un
qu'elles nous ont appris.


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Quant vos avez estroit lacié
Le cuir a la forte corroie.
Or n'est mie si grant la roie
Ne si hideuse a esgarder ;
Por ce pouez vos bien prouver
Que ovré avez sagement.
Fet avez le conmencement
Du con, mes mout i a a fere
Encore, ençois que ce con pere ;
La fosse i est grant et parfonde,
N'a si hideuse en tot le monde.
Qui orendroit desoz verrait
Et dedenz aboesteroit,
N'i a chose qui destornast
Que de si au fons n'esgardast,
Se il le fons peüst veïr.
Mes ce ne porroit avenir,
Sire, ce n'est marliere viez,
Ne grant fosse, ne parfont biez,
Ainz est abisme vraiement
Qar nule chose fons n'i prant.
Je ne sai que je vous en die ;
C'est li goufre de Saternie
Qui tout englot et tot deçoit.
Mes or sachiez, qui pranderoit
Une creste de coc vermeille,
Si l'atachast en cele reille
Que vos avez illeques mise,
Qui le cul et le con devise,
.I. poi estouperoit l'entree,
Dont ne seroit pas si baee
Cele fosse qui tot jors ovre ;
Por ce que nule riens ne covre,
N'i osera nus aprouchier,
Qar il cuideroient noier. »
 Li rois Nobles entent et voit
Que Renart bien le conseilloit ;
Merveilla soi mout durement
En quel maniere ne conment
Renart se puet de ce membrer,
Qar tot jors poïst il penser
Que il de ce s'aparceüst,
Se li conseus Renart ne fust.
« Renart, fet il, mout par es sages ;
Je sai de voir que mes ovrages
Amenderoit, se c'ert tenu
Que tu m'as ci amenteü ;
Mes je ne sai ou je prandroie
La creste que point n'en aroie,
Ne je ne la savroie ou querre ;
Ainz ne vi coc en ceste terre. »
Renart parla qui fu senez :
« Sire, se croire me volez,
De ce bon conseil vos donrai :
Hui main, quant je ceanz entrai,
Vi Chantecler la fors logier
Desus la branche d'un ponmier ;
Durement coloioit ceanz.
Sire, je sai de voir et penz
Que volentiers i enterroit,
Qui la porte li ouverroit.
— Renart, va li donques ovrir
Et se il veult ceanz venir,
Garde que ne soit destorné
Qu'il n'i entre a sa volenté. »
Maintenant saut Renart en piez,
Qui mout en fu joianz et liez,
Qu'adonc sot il bien sanz faillance
Qu'avroit de Chantecler venjance.
Le postiz va desverroillier
Et Chantecler quidoit plaidier ;
Voit que la porte estoit overte,
Ne s'aparçut riens de sa perte ;
Laienz se fiert tot a bandon,
N'atendi per ne compaingnon.
Renart a le postis reclos,
Dont primes s'aparçut li cos
Que traïz ert, quant Brichemer
Vit a la terre peester ;
Autretel entendi de lui.
Bien set de voir que sanz anui
Ne partira de cort huimais,
Qar il n'avoit trives ne pais
De Renart, qu'a illeques veu
Qui tout cest plet li a meü.
De morir a mout grant peür ;
Ne Renart n'ert mie asseür,
Qui se doute de l'eschaper.
Volentiers li alast donner
.I. coup ou .II. de livroison,
Par mi la teste, d'un baston,
Car mout doute chose volant.
Li rois s'est dreciez en estant,
Chantecler par la teste prent :
« Vassax, dist il, sanz jugement
Ferai de vos ma volenté,
Quant je vos ai si pres trové ;
S'il vos en poise, ne m'en chaille. »
Renart .I. rasooir li baille
Dont il a la creste coupee,
Qui grant estoit et crestelee ;
En mi le con assise l'a,
Si con Renart li devisa.
Et quant il l'ot illec assise
Par grant sen et par grant devise,
Si fu la creste grant et lee
Qu'ele estoupa toute l'entree.
Vos, qui en con veü avez
Et de con vos entremetez,
Savez bien que ce senefie :
Les dames l'apelent landie,
Por ce qu'ele est en mi le con ;
Encor adonc n'avoit nul non,
Mes puis li ont les dames mis
Qui le non nos en ont apris.
Comment Renart a parfait le con C'est la branche come Renart parfist le con (27)
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