dimanche 25 octobre 2015

Renart jardinier du roi - Renart s'est fait avoir




Voici alors Renart galopant
A


tant es vos Renart batant
dans le sentier d'une colline,
sur le point d'annoncer à ses compagnons,
que leur blé mériterait d'être fauché.
Quand il s'aperçoit qu'il a déjà été foulé,
couché, et arraché,
et qu'il les voit tous allongés
l'un à côté de l'autre en train de dormir,
il est à la fois furieux, abattu et malheureux.
Il dit tout bas entre ses dents :
« Si je pensais pouvoir m'en tirer
sans rien laisser d'autre
que la peau des pattes,
je tuerais ces goinfres
pour m'avoir trahi. »
Ysengrin lève la tête,
et aperçoit Renart :
« Welcome, bienvenu à vous,
Renart, venez donc vous asseoir,
je voulais justement vous voir. »
Renart ne parvient à émettre aucun son,
il se met à trembler de colère,
puis finit par dire : « Je ne vous salue pas,
seigneur Ysengrin, par saint Thomas,
ni vous autres qui êtes ici,
pour la honte et les torts que vous me faites.
Vous avez failli à notre accord,
vous avez transgressé votre engagement,
fils de pute, traître de cocu.
— Renart, il ne suffit pas de le dire
pour que je sois cocu, répond Ysengrin.
Je peux vous assurer
que jamais vous n'avez eu de relation
avec Hersent, ma douce amie.
Vous vous en êtes vanté,
mais sur ma tête, vous mentez,
car sur cette terre, Dieu merci,
il n'y a pas de dame plus loyale qu'elle,
elle en est la preuve même.
Mais si je vous ai causé du tort,
allez plutôt chercher justice
de ce pas, et au plus vite.
Je ne suis pas sous vos ordres,
et vous ne m'êtes pas cher au point
de devoir vous faire réparation,
ni de vous offrir mes excuses,
par la foi que je dois à Noble le lion.
Ni Maupertuis, ni maison forte
ne vous protégeraient de moi,
ni même la paix
que le roi m'a fait promettre,
si je ne pensais pas l'ennuyer avec ça,
vous ne porteriez déjà plus votre pelisse.
Malheur à vous pour m'avoir traité de parjure,
fils de pute, saleté de rouquin.
Vous êtes mon ennemi mortel,
méfiez-vous toujours de moi.
Foi que je dois à la noble Hersent,
je vous ferai faire le grand saut
avant qu'arrive le mois d'août. »
Renart voit bien qu'Ysengrin est furieux,
et prêt à lui faire du mal,
il lui répond alors avec retenue :
« Je vous invite, pour le dimanche de Laetare,
cher seigneur et compère,
à venir à la cour de l'empereur,
vous et vos autres compagnons,
pour qu'il tranche nos différends. »
Ysengrin dit : « Maudit soit
quiconque ne relèverait pas ce défi.
Pour que le droit et la justice prévalent,
je veux que chacun y soit. »
Les autres le lui promettent.
Renart part alors d'ici,
et avance sans relâche,
sans s'arrêter, la nuit comme le jour,
jusqu'à la cour du roi.
Il y retrouve, à ce que je crois,
Ysengrin et sa compagnie
qui se sont installés dehors.
Il ne salue aucun d'eux,
et rentre par un guichet.
Il salue le roi à haute voix,
à la façon de ceux qui savent
exprimer leur propos avec sagesse :
« Sire, ô mon roi, que le fils de Sainte Marie
vous donne sa plus grande bénédiction,
ainsi qu'à toute votre compagnie. »
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Par mi la sente d'un pendant ;
Ses compaingnons cuidoit noncier
Quant lor blé feroit a soier.
Quant il le vit si defolé
Et abatu et estrepé,
D'autre part veoit ceus gesir
L'un delez l'autre fer dormir,
Iriez en fu, maz et dolenz ;
En bas a dit entre ses denz :
« Se vif eschaper m'en cuidasse
Et que du mien plus n'i lessasse
Que de mes cuisses les breons,
Je oceïsse ces gloutons
Qui vers moi se sont parjuré. »
Ysengrin a le chief levé
Si a Renart aparceü :
« Willecome, bien viegnes tu,
Renart, quar vos venez seoir.
Mout vos desirroie a veoir. »
Renart ne pot .I. mot soner,
De mautalent prist a trembler
Et dist : « Je ne vos salu pas,
Sire Ysengrin, par saint Thomas,
Ne ces autres, qui ici sont,
Qui donmage et honte me font ;
Menti m'avez de covenance
Et trespassé vostre fiance,
Filz au putain, desloiaus cox.
— Renart, ce n'est mie de vos,
Dist Ysengrin, que je cous soie ;
.I. serement vos en feroie
Q'ains a Hersent, ma doce amie,
N'eüstes part ne compaingnie.
Si vos en estes vos vantez,
Mes par mon chief vos i mentez
Qu'en ceste terre, Dieu merci,
N'a plus loial dame de li ;
Ele en a bien le tesmoingnage.
Mes se je vos ai fet donmage,
Si en querez vostre droiture
Isnelement grant aleüre.
Je ne sui pas en vo dangier,
Ne ne vos ai mie tant chier
Que vos en port droit ne amende,
Ne nul escondit vos en rende,
Foi que doi Noble le lion ;
Ne Malpertuis ne fort meson
Vers moi ne vos garantiroit,
Ne por la pes ne remaindroit
Que li rois m'a fet fiancier ;
Se ne li cuidasse anoier,
Du pliçon n'en portissiez mie.
Mar m'apelastes foimentie,
Filz au putain, rous venimeus ;
Mes anemis estes mortieus,
Onques n'aiez vers moi fiance.
Foi que je doi Hersent la franche,
Je vos feré .I. saut saillir
Ainz que voiez aoust venir. »
 Renart voit Ysengrin irié
Et de mal fere encoragié,
Si respondi assez par sen :
« A Letare Jerusalem,
Je vos envi, sire compere,
Droit a la cort a l'emperere,
Vos et voz autres compaingnons ;
La nos departira raisons. »
Ysengrin dist : « Mal dahez ait
Cil qui cest enviail vos lait ;
Por droit fere et por prandre droit
Voil je bien que chascun i soit. »
Einsi l'ont tuit acreanté.
Es vos Renart d'iluec torné
Ainz puis n'ot gueres de sejor,
Ainz ne fina ne nuit ne jor,
Tant qu'il vint a la cort le roi.
La trova il, si con je croi,
Ysengrin et sa compaingnie
Qui la defors s'estoit logie ;
Onques .I. sol n'en salua.
Par .I. guichet laiens entra,
Le roi salue hautement,
Si conme cil qui sagement
Savoit bien dire sa raison :
« Sire rois, grant beneïçon
Vos doint li filz sainte Marie
Et toute vostre compaingnie. »
Comment Renart a parfait le con C'est la branche come Renart parfist le con (27)
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