vendredi 9 octobre 2009

Chantecler le coq - La capture de Chantecler




Chantecler dit : « Renart, mon cousin,
D


ist Chantecler : « Renart cosin,
Cherchez-vous à m'attraper par ruse ?
— Certainement pas, lui répond Renart.
Mais chantez donc en fermant les yeux.
Nous sommes d'une même chair et d'un même sang;
j'aimerais mieux perdre une patte plutôt
que de vous faire le moindre mal,
car vous êtes mon très proche parent. »
Chantecler dit : « Je ne vous crois pas.
Éloignez-vous un peu de moi,
et je chanterai une chanson.
Il n'y aura aucun voisin dans les environs
qui n'entendra pas bien ma voix de fausset. »
Cela fait sourire Renardet,
et il dit : « Chantez, cousin,
je saurai bien reconnaître si Chanteclin,
mon oncle, y a été pour quelque chose. »
Alors, Chantecler commence à haute voix,
puis il pousse un cri;
un œil fermé et l'autre ouvert.
Comme il craint beaucoup Renart,
il regarde fréquemment de son côté.
Renart lui dit : « Tout cela est en vain !
Chanteclin chantait autrement,
tout d'un trait, les yeux fermés,
si bien qu'on l'entendait au-delà des enclos. »
Chantecler croit qu'il dit vrai,
alors il recommence sa mélodie,
les yeux fermés, avec une grande ardeur.
Mais Renart ne veut pas attendre davantage :
il saute par-dessus un chou rouge,
il l'attrape par le cou,
et s'en va en fuyant tout content
d'avoir pris sa proie.
Pinte s'aperçoit que Renart l'emporte,
elle est triste, elle se sent abattue.
Elle se met à se lamenter,
à cause de Chantecler qu'elle voit partir.
Puis elle crie : « Seigneur, je vous l'avais bien dit,
mais vous vous êtes toujours moqué de moi,
et vous m'avez prise pour une folle.
Le discours que je vous avais tenu
s'avère juste à présent.
Votre orgueil vous a trahi.
J'ai été stupide de vous avertir
car seul le fou ne redoute rien jusqu'à ce qu'il soit pris.
Renart vous tient et vous emporte.
Pauvre malheureuse que je suis ! Ah, je suis morte !
Car en perdant ainsi mon seigneur,
j'ai perdu mon amour. »


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Volez me prendre par engin ?
— Certes, ce dist Renart, non voil ;
Mes or chantez, si clingniez l'oil,
D'une char somes et d'un sans.
Miex vodroie estre d'un pié manc
Que vos mesface tant ne quant,
Que tu es trop pres mon parent. »
Dist Chantecler : « Pas ne te croi,
.I. poi detrai en sus de moi,
Et je diré une chançon.
N'avra voisin ci environ
Qui bien n'entende mon fausset. »
Lors s'en est souris Renardet,
Et dist Renart : « Chante, cousins.
Je savré bien se Chanteclins,
Mes oncles, s'il vos fu noient. »
Lors en conmence hautement
Chantecler et jete .I. bret.
L'un oil ot clos et l'autre overt,
Car mout forment cremoit Renart ;
Sovent regarde cele part.
Ce dist Renart : « Ce n'est noient.
Chanteclin chantoit autrement
A .I. lonc tret a eulz cligniez
C'on l'ooit d'outre les plessiez. »
Chantecler quide que voir die,
Lors conmence sa melodie,
Les eulz clingne par grant aïr.
Lors ne volt plus Renart soffrir,
Par de desus .I. rouge chol
Le prent Renart par mi le col.
Fuiant s'en va et fet grant joie
De ce qu'il a encontré proie.
Pinte voit que Renart l'enporte,
Dolente est, mout se desconforte.
Mout se conmence a dementer
Por Chantecler qu'en voit porter,
Et dit : « Sire, bien le vos dis,
Et vos me gabïez tout dis,
Et si me tenïez por fole.
Mes ore est voire la parole
Dont je vos avoie garni.
Vostre orgoil si vos a traï.
Fole fui quant le vos apris,
Que fox ne crient tant qu'il soit pris.
Renart vos tient qui vos enporte.
Lasse dolente, con sui morte !
Quant je ainssi pert mon seignor,
Trestoute ai perdue m'amor. »
Comment Renart prit Chantecler le coq Si conme Renart prist Chantecler le coc (5)
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